"Frère, j'attends avec impatience mon premier corps", écrit sur Instagram le garçon de 11 ans: en Suède, de très jeunes tueurs à gage échappant aux sanctions pénales sont recrutés par les gangs via des messageries cryptées.
Dans cette affaire, quatre hommes âgés de 18 à 20 ans sont accusés d'avoir recruté quatre enfants de 11 à 17 ans pour le compte d'un gang. Tous ont été arrêtés avant de passer à l'acte.
Son cas n'est pas isolé.
L'an dernier, 53 personnes ont été tuées dans des fusillades, dont des victimes innocentes, dans ce pays comptant 10,5 millions d'habitants.
"Crimefluencers"
L'organisation des gangs en Suède s'est complexifiée: les chefs de gangs agissent depuis l'étranger par le biais d'intermédiaires qui recrutent, via des messageries cryptées, des adolescents de moins de 15 ans, âge de la responsabilité pénale.
Lors d'une conférence de presse début octobre, le chef de la police nationale Johan Olsson a souligné:
Elle s'organise en une sorte de marché où des missions sont publiées sur des forums de discussion, et où les exécutants sont de plus en plus jeunes.
Ces jeunes ont souvent des difficultés à l'école, des troubles de l'attention, des problèmes d'addiction ou ont déjà eu affaire à la justice, explique le professeur.
Les enfants sont parfois demandeurs de telles missions, montre un rapport du Conseil national de la prévention du crime (Bra).
Viktor Grewe, 25 ans, ancien criminel, raconte à l'AFP:
Aujourd'hui, tout le monde veut devenir meurtrier. C'est incroyablement triste de voir que c'est ce à quoi les jeunes (dans ces milieux) aspirent.
Lui-même a eu affaire à la police pour la première fois à l'âge de 13 ans.
"Exploitation impitoyable"
Poussée d'adrénaline, sentiment d'appartenance, rémunération juteuse: leurs motivations sont multiples.
A Örebro, des bénévoles parcourent les banlieues sensibles le soir pour alerter les jeunes sur le risque de tomber sous la coupe des gangs.
Viktor Grewe, qui a décidé à 22 ans de renoncer à la criminalité, explique que ces jeunes ne croient pas en l'avenir, persuadés de ne pas vivre au-delà de 25 ans.
Pour les attirer, ils affichent camaraderie, vêtements de marque et promesses de récompense, avec comme leitmotiv une loyauté sans faille.
Le petit sera d'abord utilisé pour livrer un sac, avant de le mener progressivement vers des tâches plus lourdes de conséquences, souligne le rapport.