Face à la persistance des combats à Khartoum et malgré le prolongement d'une trêve certes peu respectée, l'ONU a décidé dimanche d'envoyer "immédiatement" un haut responsable dans la région.
Des millions de Soudanais restent pris au piège des bombardements et des tirs depuis le déclenchement le 15 avril d'une impitoyable guerre de pouvoir entre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane et son numéro deux, le général Mohamed Hamdane Daglo, qui commande les Forces de soutien rapide (FSR), paramilitaires redoutés.
Un premier avion chargé de huit tonnes d'aide et qui devrait permettre de soigner 1.500 personnes a atterri dimanche à Port-Soudan, à 850 km à l'est de Khartoum, selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
528 morts et 4.599 blessés
La guerre a fait 528 morts et 4.599 blessés, selon des chiffres officiels largement sous-évalués. Les deux camps s'accusent mutuellement de violer la trêve.
Dimanche soir, les combats se sont poursuivis et les avions de chasse ont continué de survoler Khartoum et Omdourman, sa banlieue nord, selon des témoins sur place.
Il y a de très violents combats et des coups de feu.
Alors que les combats font rage depuis plus de deux semaines, les habitants de la capitale, quand ils ne fuient pas, restent barricadés, essayant de survivre malgré les pénuries de nourriture, d'eau et d'électricité.
Efforts diplomatiques
L'ONU recense 75.000 personnes déplacées à l'intérieur du pays. Au moins 20.000 ont fui vers le Tchad, 6.000 vers la Centrafrique et des milliers d'autres vers le Soudan du Sud et l'Ethiopie. Au total, jusqu'à 270.000 personnes pourraient fuir les combats qui touchent 12 des 18 Etats de ce pays de 45 millions d'habitants, l'un des plus pauvres au monde.
Sur le front diplomatique, le ministre saoudien des Affaires étrangères Fayçal ben Farhane a reçu dimanche un émissaire du général Burhane.
"Tribus armées"
Selon l'ONU, une centaine de personnes ont été tuées depuis lundi au Darfour-Ouest, région marquée par la sanglante guerre civile des années 2000.
A la tête des miliciens Janjawid, le général Daglo, dit "Hemedti", avait mené la politique de la terre brûlée au Darfour, sur ordre de Omar el-Béchir, l'ancien dictateur renversé en 2019 par la rue.
Aujourd'hui rivaux, les généraux Burhane et Daglo avaient pourtant fait front commun lors du putsch de 2021 pour évincer les civils avec lesquels ils partageaient le pouvoir depuis la chute de Béchir.
Mais des divergences sont ensuite apparues et, faute d'accord sur l'intégration des FSR dans l'armée, ont dégénéré en guerre ouverte.