Soudan: négociations en Arabie, combats acharnés au Darfour

17:1430/10/2023, lundi
MAJ: 30/10/2023, lundi
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Crédit photo: AFP
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De retour à la table des négociations en Arabie saoudite, les généraux soudanais en guerre tentent surtout de gagner des points sur le terrain militaire, en concentrant leurs efforts sur Nyala, la deuxième ville du pays, au cœur du Darfour.

À Khartoum, l'armée de l'air du général Abdel Fattah al-Burhane ne parvient pas à déloger les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo. Ailleurs dans le pays, l'armée tient l'Est -jamais gagné par les combats- alors que les FSR progressent au Darfour, leur bastion historique frontalier du Tchad dans l'Ouest.


I
ncapables de prendre un avantage décisif depuis plus de six mois, les deux camps piétinent, mais aucun n'entend faire de concession à la table des négociations.

Les pourparlers entre les belligérants soudanais ont repris jeudi dans la ville saoudienne de Jeddah. Ils visent
"à faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire, à établir des cessez-le-feu et d'autres mesures de confiance, et à progresser vers une cessation permanente des hostilités"
, a indiqué le ministère saoudien des Affaires étrangères dans un communiqué. Il a ajouté:

Les pourparlers n'aborderont pas de questions politiques plus larges.

Les tentatives de médiation précédentes n’ont abouti qu’à de brèves trêves, et même celles-ci ont été systématiquement violées.


Avant la suspension du premier cycle de négociations à Jeddah, les médiateurs étaient de plus en plus frustrés par la réticence des deux parties à œuvrer en faveur d'une trêve durable.

La guerre d'usure entre les deux généraux rivaux a déjà fait plus de 9 000 morts -selon un bilan de l’ONU sans doute très inférieur à la réalité en raison du chaos généralisé-, près de six millions de déplacés et réfugiés et détruit la plupart des infrastructures.


Pour changer la donne, les FSR ont misé dernièrement sur Nyala, la capitale du Darfour-Sud, frontalier de la Centrafrique et du Soudan du Sud, où elles semblent avoir pris le dessus sur les forces du général Burhane.

Cette ville est stratégique car elle possède un aéroport --un atout de taille pour le ravitaillement des troupes-- et parce qu'elle est aussi un carrefour routier et ferroviaire.


Elle est également, explique un ancien officier à l'AFP,
"le plus grand centre militaire des trois États du Darfour-Sud, du Darfour-Centre et du Darfour-Est".

Poumon économique


Les FSR entendent régner en maître au Darfour, où l'ONU soupçonne un possible nouveau
"génocide"
après celui mené au début des années 2000 par leur ancêtre, les Janjawids, pour le compte du dictateur de l'époque Omar el-Béchir.

Les paramilitaires tiennent déjà depuis trois mois le poste-frontière d'Oum Dafouq avec la Centrafrique et s'assureraient le contrôle de couloirs supplémentaires pour leurs routes d'approvisionnement vers Khartoum, à 1 000 kilomètres au nord-est.

Et, au-delà de ses atouts militaires, Nyala est aussi le poumon commercial et économique du Darfour --une région grande comme la France où vit un quart des 48 millions de Soudanais.


La ville
"a des relations économiques avec le Tchad, la Centrafrique et le Soudan du Sud, et jusqu'au Cameroun et à la République démocratique du Congo"
, qui y possède même un consulat, rappelle le journaliste local Ezzedine Dahab à l'AFP.

"Déployés partout"


C'est ainsi que jeudi, au moment même où les négociateurs des deux camps rencontraient des médiateurs américains et saoudiens à Jeddah, le frère et bras droit du général Daglo, Abderrahim Daglo, sous sanctions américaines, se filmait menant les troupes à Nyala.


Dans la foulée, les FSR ont annoncé avoir pris la ville à la 16e division d'infanterie, une information démentie par l'armée, qui a assuré avoir infligé
"de lourdes pertes humaines et matérielles"
à l'ennemi.

Contactés par l'AFP, des habitants disent eux que les FSR quadrillent Nyala, capitale du royaume Dadjo au XVIe siècle avant d'être désignée capitale de l'Ouest rural par le colonisateur britannique.


"Des combattants des FSR sont déployés partout et on n'a plus vu l'armée depuis mercredi"
, assure l'un d'eux, Adam, qui vit dans le quartier d'al-Wadi, l'un des plus grands de Nyala, en refusant de donner son nom de famille de peur de représailles.

Ali qui, lui, vit dans un autre quartier assure que les deux camps ont longtemps tenu des secteurs différents de la ville depuis le début de la guerre.
"La prise de contrôle (par les FSR) s'est faite par étapes"
, ajoute-t-il.

La dernière en date a eu lieu la semaine dernière, abonde une source au sein de l'armée:
"les FSR ont attaqué la 16e division à bord de 300 blindés"
, après six mois de harcèlement ininterrompu.

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