Crédit Photo : THEO ROUBY / AFP
Une banderole installée le long d'une route suite à la visite du président français Emmanuel Macron à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie dans le Pacifique, le 24 mai 2024.
Les organisations non gouvernementales (ONG) opérant dans la région du Pacifique considèrent le projet de réforme constitutionnelle du gouvernement français visant à réduire le pouvoir des populations locales lors des élections en Nouvelle-Calédonie comme une "trahison" à l'égard des autochtones kanaks de l'île.
Selon Radio New Zealand, les organisations non gouvernementales régionales du Pacifique ont publié ce jeudi un communiqué appelant à la paix et à la tranquillité dans la colonie française de Nouvelle-Calédonie, en proie aux violences depuis plus d'une semaine.
Le communiqué indique que la France a agi en violation de l'Accord de Nouméa signé avec les Kanaks indépendantistes en 1988.
L'initiative de réforme qui ouvre la voie au vote aux élections locales pour les Français vivant sur l'île depuis au moins 10 ans est critiquée dans le communiqué, qui souligne qu'il s'agit d'une mesure visant à
"prolonger le contrôle colonial du gouvernement Macron sur l'île".
La même source rappelle que les dirigeants kanak ont à plusieurs reprises demandé au gouvernement français de retirer le projet de réforme constitutionnelle.
Le communiqué rappelle que le projet de loi a été voté au Sénat et à l'Assemblée nationale française malgré les appels et les protestations, et précise que le gouvernement français compromet par cette attitude la période de
prévue par les accords sur l'archipel.
Le projet de réforme constitutionnelle, qui vise à réduire les pouvoirs des populations autochtones lors des élections, constitue une
de la France à l'égard des Kanaks de sa colonie de Nouvelle-Calédonie, selon la même source.
Le communiqué appelle également les Nations unies et les dirigeants du Pacifique d'envoyer une
sur l'archipel pour servir de médiateur entre les partisans et les opposants à l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie et pour suivre la construction d'un processus de dialogue.
La colonie française de Nouvelle-Calédonie s'est vue accorder l'autonomie en 1998 par le traité de Nouméa, qui a limité le droit de vote aux personnes résidant sur l'île avant 1998 et à leurs enfants, afin d'éviter que la population autochtone ne devienne une minorité sur son propre territoire.
Les indépendantistes de Nouvelle-Calédonie, qui s'opposent à l'initiative de réforme constitutionnelle du gouvernement français, sont passés à l'action le 13 mai.
Le gouvernement français a dépêché des forces de police et de gendarmerie dans la région après l'escalade d'incidents violents en différents points de l'île, en particulier dans la capitale Nouméa.
Pour que la réforme constitutionnelle, qui donnera lieu à l'augmentation du nombre d'électeurs français sur l'île, entre en vigueur, elle doit être validée en congrès, où seront réunis les deux ailes du Parlement français.
Le Premier ministre français Gabriel Attal a annoncé le 15 mai l'interdiction de la plateforme TikTok et l'instauration de l'état d'urgence sur l'île mais le Conseil d'État a refusé, jeudi, de suspendre l'interdiction du réseau social en Nouvelle-Calédonie, considérant que les requérants n'ont pas démontré de "
nécessitant son intervention dans le cadre d'une procédure en référé.
Les requérants n'apportent pas d'éléments pour démontrer que ce blocage a des conséquences immédiates et concrètes sur leur situation et leurs intérêts.
"Ce qui est une condition d'urgence nécessaire pour l'intervention du juge des référés"
, explique la plus haute juridiction administrative française.
La décision souligne, par ailleurs, que
"tous les autres réseaux sociaux et médias presse, TV et radio restent accessibles"
et considère que
"ce blocage temporaire vise à contribuer au rétablissement de la sécurité sur l'archipel".
Et de poursuivre: "
Le juge des référés constate toutefois que la mesure de suspension du réseau social en cause est limitée, l'ensemble des autres moyens de communication et d'information n'étant pas affecté, et temporaire, le Gouvernement s'étant engagé à lever immédiatement ce blocage dès que les troubles auront cessé".
Maître Vincent Brengarth, qui fait partie des avocats ayant initié le recours, a immédiatement réagi dans une publication sur le réseau social X en pointant une
"décision (qui) n'est absolument pas à la hauteur des enjeux au vu du caractère inédit de ce blocage et des atteintes occasionnées aux libertés fondamentales".
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