Crédit Photo : LUIS TATO / AFP
Le président sortant du Rwanda et candidat à la présidence du Front patriotique rwandais (FPR), Paul Kagame, arrive à son dernier meeting de campagne à Kigali, le 13 juillet 2024, avant les élections générales rwandaises de 2024.
C'était attendu, c'est désormais officiel : la présidentielle au Rwanda a offert un nouveau plébiscite au tout-puissant président Paul Kagame, qui compte 99,15 % des voix sur 79 % des bulletins dépouillés, prolongeant de cinq ans son règne sur le pays entamé il y a 30 ans.
Si cette tendance se confirme, il pourrait réaliser un score encore supérieur à ses 98,79 % de la présidentielle 2017, après avoir obtenu 95,05 % en 2003 et 93,08 % en 2010.
Après l'annonce lundi soir de ces premiers résultats par la cheffe de la commission électorale (NEC) Oda Gasinzigwa, le chef de l'État aujourd'hui âgé de 66 ans a remercié les Rwandais.
"Les résultats qui ont été présentés indiquent un score très élevé. Ce ne sont pas que des chiffres, même s'il s'agissait de 100 %, ce ne sont pas que des chiffres. Ces chiffres montrent la confiance, et c'est ce qui est le plus important"
, a-t-il déclaré.
Selon les résultats partiels lus à la télévision nationale par Mme Gasinzigwa et portant sur 78,94 % des bulletins, ses adversaires, le leader du seul parti d'opposition autorisé Frank Habineza et l'indépendant Philippe Mpayimana, obtiennent respectivement 0,53 % et 0,32 %. Neuf millions de Rwandais étaient appelés aux urnes.
"Le processus électoral s'est tenu dans une atmosphère libre et équitable"
, a estimé l'organisme dans un communiqué.
Les plus virulentes opposantes à M. Kagame n'ont toutefois pas pu se présenter.
Figure historique de l'opposition, Victoire Ingabire a vu la justice rejeter sa demande de restauration de ses droits civiques, dont elle avait été déchue avec sa condamnation en 2013 à 15 ans de prison pour
"minimisation du génocide".
Elle avait été libérée en 2018.
La candidature de Diane Rwigara a elle été invalidée par la commission électorale en raison de documents non conformes. Elle avait déjà été écartée de la dernière présidentielle, accusée de falsification de documents et arrêtée, avant d'être blanchie par la justice en 2018.
Chef d'État clivant, Paul Kagame est l'homme fort du Rwanda depuis qu'il a renversé en juillet 1994, avec la rébellion du FPR, le gouvernement extrémiste hutu instigateur du génocide qui a fait, selon l'ONU, plus de 800 000 morts parmi la minorité tutsi.
D'abord vice-président et ministre de la Défense mais dirigeant de fait du pays, Paul Kagame en est le président depuis 2000, élu par le Parlement après la démission de Pasteur Bizimungu, puis à trois reprises au suffrage universel.
Il jouit d'une forte popularité pour avoir relevé le pays, exsangue au sortir du génocide, avec une solide croissance (7,2 % de moyenne entre 2012 et 2022) accompagnée d'un développement d'infrastructures (routes, hôpitaux...) et de progrès notamment dans le domaine de l'éducation et de la santé. Près d'un Rwandais sur deux vit toujours avec moins de 2,15 dollars par jour, selon la Banque mondiale.
Mais le régime Kagame est critiqué pour son ingérence en République démocratique du Congo voisine, où plusieurs milliers de soldats combattent aux côtés du M23 selon un récent rapport de l'ONU, et sa répression des voix dissidentes.
Même si le résultat ne faisait guère de mystère, les Rwandais se sont déplacés en nombre lundi.
"C'était un choix facile, j'ai voté pour celui qui a apporté le développement à ce pays: l'eau, les routes, l'électricité... Je n'allais pas voter pour quelqu'un d'autre parce que les autres n'ont rien apporté au Rwanda",
expliquait lundi Boniface Niyonsaba, 29 ans, sans cacher son vote pour Paul Kagame.
Durant les trois semaines de campagne, la machine du FPR a inondé le pays de portraits de son leader
, de ses drapeaux rouge-blanc-bleu et de ses slogans "PK24" (pour "Paul Kagame 2024") ou
("Cent pour cent"), rendant ses adversaires quasiment invisibles.
Les résultats des législatives, couplées pour la première fois avec la présidentielle, n'étaient pas encore connus. Selon le système rwandais, les électeurs désignent 53 des 80 députés directement.
Actuellement, le FPR compte 40 sièges sur 53, et ses alliés 11 sièges. Le Parti démocratique vert de M. Habineza a deux députés.
Les 27 autres sièges sont réservés par quotas aux femmes, aux jeunes et aux handicapés, qui seront désignés respectivement par les conseillers municipaux et régionaux, le Conseil national de la jeunesse et la Fédération des associations des handicapés.
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