Le Niger retire l'autorisation d'exercer à l'ONG française Acted

13:1713/11/2024, Wednesday
AFP
Cette photo prise à Niamey le 15 octobre 2024 montre des enfants devant la nouvelle plaque où l'avenue Général Charles de Gaulle a été rebaptisée en avenue Djibo Bakary, du nom de la personnalité politique nigérienne (1922-1998) qui fut le premier maire de Niamey (1956-1958).
Crédit Photo : BOUREIMA HAMA / AFP
Cette photo prise à Niamey le 15 octobre 2024 montre des enfants devant la nouvelle plaque où l'avenue Général Charles de Gaulle a été rebaptisée en avenue Djibo Bakary, du nom de la personnalité politique nigérienne (1922-1998) qui fut le premier maire de Niamey (1956-1958).

Mardi, le régime militaire au pouvoir au Niger a annoncé le retrait de l’autorisation d’exercer de l’ONG française Acted, sans fournir de raisons précises pour cette décision. Cette mesure s’ajoute aux nombreuses actions hostiles récemment prises contre la France et les ONG occidentales, marquant un tournant vers une souveraineté nationale accrue.

"L'autorisation d'exercice accordée à l'ONG dénommée 'Agence d'Aide à la coopération et au développement - Acted' (...) est retirée"
à compter de mardi, indique un arrêté signé par le ministre de l'Intérieur, le général Mohamed Toumba, et consulté par l'AFP. Le document ne mentionne toutefois aucun motif justifiant cette décision.

Une autre organisation, nigérienne cette fois-ci, Action pour le bien-être (APBE), a également été frappée par une interdiction similaire.


Sur les réseaux sociaux, le soutien aux actions du gouvernement s'intensifie. Ibrahim Bana, figure influente et fervent partisan du régime militaire, a écrit sur sa page Facebook:


La marche vers la souveraineté nationale est en pleine progression au Niger!

Et d'ajouter:
"Le retrait des agréments de certaines ONG, dont les actions ne s'alignent pas avec les priorités de notre peuple, est un signal fort."
Pour lui, cette décision reflète le choix du Niger de
"maîtriser son destin"
et d’imposer aux partenaires internationaux le respect de ses valeurs et de ses besoins.

Depuis le coup d'État qui a renversé le président Mohamed Bazoum en juillet 2023, le régime militaire s’est engagé dans une politique visant à renforcer l’autonomie nationale, multipliant les mesures hostiles à l’égard de l’Occident et, plus spécifiquement, de la France.

Après avoir exigé le départ des troupes françaises et américaines déployées dans le cadre de la lutte antiterroriste,
le gouvernement de Niamey a également expulsé l'ambassadeur de France et suspendu les activités du centre culturel franco-nigérien.

Par ailleurs, des médias français tels que RFI et France 24 ont été interdits.


"Un million de bénéficiaires"


Néanmoins, le Niger continue de bénéficier de l’aide d’organismes internationaux comme le Fonds monétaire international (FMI), qui a approuvé lundi un décaissement de 43 millions de dollars pour Niamey. Parallèlement, le pays renforce ses liens avec des partenaires qualifiés de
"sincères",
parmi lesquels l'Iran, la Türkiye, et la Russie. Cette dernière a même envoyé des instructeurs militaires en avril et mai.

Sur le plan régional, le Niger a consolidé ses relations avec le Burkina Faso et le Mali, formant avec ces pays également dirigés par des juntes militaires l'Alliance des États du Sahel (AES). Cette alliance vise à coordonner leurs efforts face aux défis sécuritaires, notamment les attaques de groupes terroristes affiliés à Daesh et à Al-Qaïda, qui frappent régulièrement l’ouest et le sud-est du Niger.

Acted, présente au Niger depuis 2010, joue un rôle essentiel en apportant une aide d'urgence aux populations déplacées par les violences. Sur son site internet, l'ONG indique avoir assisté plus d'un million de bénéficiaires depuis son implantation.


En août 2020, six humanitaires français d'Acted ont été tués, ainsi que leur chauffeur et leur guide nigériens, lors d'une attaque terroriste revendiquée par Daesh près de Niamey. Acted avait alors temporairement suspendu ses activités au Niger, affirmant cependant sa volonté de poursuivre son action.


En avril 2021, l'ONG avait déjà fait l'objet d'une suspension dans la région de Diffa, proche du Nigeria, pour des "connexions douteuses et subversives" supposées, mais avait ensuite repris ses activités.


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