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L'Irlande s'interroge sur sa neutralité militaire

18:1822/06/2023, Perşembe
MAJ: 23/06/2023, Cuma
AFP
Crédit photo: OLGA MALTSEVA / AFP
Crédit photo: OLGA MALTSEVA / AFP

L'Irlande a lancé jeudi un débat public sous haute tension sur sa politique sécuritaire posant la question de sa neutralité militaire, de plus en plus en décalage avec l'engagement de ses alliés de l'Union européenne en faveur de l'Ukraine face à la Russie.

Aux cris de
"non à l'Otan"
, des manifestants ont perturbé le lancement de cette consultation, qui s'ouvre alors que l'invasion russe a déjà poussé la Finlande et la Suède à remettre en cause des décennies de non-alignement.

En Irlande, le débat sur une possible adhésion à l'Otan, en contradiction avec la politique menée depuis la Deuxième Guerre mondiale, déchaîne les passions.

À l'extérieur de l'université de Cork (sud), où avait lieu le premier débat, des dizaines de protestataires ont déployé jeudi matin des banderoles:


Oui à la neutralité, non à la guerre. 

À l'intérieur, le chef de la diplomatie Micheal Martin a qualifié d'
"antidémocratique"
le petit groupe qui a interrompu son discours, les accusant de vouloir
"empêcher le débat"
, selon le média public RTE.

Le président Michael Higgins, au rôle surtout protocolaire, a accusé le gouvernement de
"jouer avec le feu"
en ouvrant ce dossier. Dans le journal Business Post, il a estimé que l'Irlande se trouvait à
"un moment très dangereux"
en termes de politique étrangère, s'inquiétant d'une
"dérive"
.

Le Premier ministre Leo Varadkar a relativisé les implications du débat sur la neutralité, assurant face au Parlement mardi que la consultation n'avait
"aucun objectif caché"
et s'intéresserait à toute une série de sujets militaires. Il a martelé les propos suivants:

Nous sommes très clairs concernant notre politique: nous ne comptons rejoindre ni l'Otan ni aucune autre alliance militaire. Nous allons investir dans nos forces armées.

Quelque 1.200 personnes se sont inscrites pour participer aux débats, qui après Cork va se déplacer dans le pays de cinq millions d'habitants pour se conclure à Dublin lundi et mardi.


Avec un budget de 1,1 milliard d'euros consacré à sa défense, l'Irlande reste loin derrière les autres membres de l'UE en termes de dépenses militaires, la laissant dépendante de ses voisins, selon certaines voix critiques, pour assurer sa sécurité.


Ses forces armées comptent 8.500 militaires qui participent à des opérations de maintien de la paix, 500 soldats étant actuellement déployés à l'étranger, essentiellement au Liban.


Assistance à l'Ukraine


Depuis l'invasion de l'Ukraine, le passage régulier de navires russes au large des côtes irlandaises fait craindre au gouvernement des sabotages, susceptibles en particulier d'affecter des câbles transatlantiques.


L'Irlande ne dispose que de six navires de patrouille, appuyés par deux avions chargés des patrouilles maritimes pour surveiller sa zone économique exclusive, qui représente 16% des eaux territoriales de l'UE, selon le Royal United Services Institute. 


Le gouvernement irlandais a déjà souligné la nécessité de se préparer aux cyberattaques, comme celle attribuée à un gang russe qui a paralysé son service de santé en 2021.


Selon un sondage Ipsos pour l'Irish Times publié en juin, 61% des Irlandais sont favorables à la neutralité observée actuellement. Mais 55% d'entre eux soutiennent une
"augmentation importante"
des capacités militaires.

Le gouvernement a annoncé l'an passé vouloir porter les dépenses militaires à 1,5 milliard d'euros par an d'ici à 2028, une augmentation sans précédent.


En février, Dublin a accepté de participer à l'assistance militaire apportée par l'UE à l'Ukraine avec 30 militaires irlandais chargés de former les troupes ukrainiennes.


La politique de neutralité de l'Irlande remonte à son combat pour prendre son indépendance et échapper à la domination britannique, par une guerre civile sanglante qui a abouti à la création de la République d'Irlande en 1937.


Si la constitution ne grave pas ce non-alignement dans le marbre, les gouvernements successifs ont tous suivi la décision, critiquée par Londres et Washington, en ce sens du Premier ministre Eamon de Valera à l'issue de la Deuxième Guerre mondiale.


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