Crédit Photo : LUDOVIC MARIN / AFP
Le président français, Emmanuel Macron et son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboune.
Plusieurs ONG et Associations françaises, notamment d'anciens appelés de l'armée coloniale française, ont exhorté à nouveau l'État français à reconnaître "la responsabilité des plus hautes autorités du pays dans le recours systématique à la torture durant la guerre d'Algérie".
À la veille de la célébration du cessez-le-feu (le 19 mars 1962), appelé en Algérie "fête de la victoire"
23 organisations ont rendu public un communiqué conjoint où elles estiment que
"la reconnaissance officielle et historique permettrait d'ouvrir la voie à une compréhension du fonctionnement et des logiques de l'État durant une colonisation et une guerre pendant lesquelles la République a contredit les principes dont elle se réclamait".
Depuis la guerre d'Algérie, pendant laquelle des crimes indignes ont été commis sous la responsabilité des plus hautes autorités françaises.
"Et jusqu'à la période récente, des voix se sont élevées, de manière récurrente, pour réclamer que l'État français reconnaisse ses responsabilités dans le recours systématique à la torture durant la répression coloniale"
, a rappelé le communiqué, consulté par AA.
Selon la même source, ces
"exigences ont été réitérées par différentes associations et personnalités françaises.
En 2000, une lettre adressée au président de la République par douze personnalités appelait dans un esprit tourné vers un rapprochement des personnes et des communautés et non vers l'exacerbation de leurs antagonismes (…) à condamner ces pratiques par une déclaration publique et invitait les témoins, les citoyens à s'exprimer sur cette question qui met en jeu leur humanité"
, a ajouté la même source.
Les signataires ont souligné, dans ce sens, les gestes du président Emmanuel Macron qui avait reconnu, entre 2018 et 2022, les assassinats sous la torture du mathématicien Maurice Audin (1957) et de l'avocat Ali Boumendjel.
Nous reconnaissons avec lucidité que dans cette guerre, il en est qui, mandatés par le gouvernement pour la gagner à tout prix, se sont placés hors la République.
Cette minorité de combattants a répandu la terreur, perpétré la torture, envers et contre toutes les valeurs d'une République fondée sur la Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen"
, avait également souligné un communiqué de la présidence française, rendu public le 18 octobre 2022.
Pour les signataires, cette reconnaissance est
et
mais
"La reconnaissance de la torture par l'Élysée n'explique pas les dysfonctionnements de l'État et de ses institutions militaires, administratives et judiciaires qui ont permis que la théorie de la 'guerre contre-révolutionnaire' ait été mise en œuvre".
"Ni que les 'DOP' pratiquant la torture aient été créés au sein de l'armée française, ni que ceux qui l'ont pratiquée aient été promus et décorés alors que ceux qui l'ont dénoncée ont été poursuivis et emprisonnés, ni que des milliers de familles de disparus n'ont jamais reçu de réponse des autorités à leurs demandes, ni que des décrets ont autorisé la censure et la saisie des périodiques et des livres rapportant des faits dans leur vérité"
, a souligné la même source.
Cette reconnaissance est également indispensable pour notre présent et notre avenir, car, sans un retour sur cette page sombre de son histoire, rien ne préserve la République française de retomber dans les mêmes dérives.
Parmi les signataires de cette déclaration, il y a, Agir Contre le Colonialisme Aujourd'hui (ACCA), Anciens appelés en Algérie et leurs Amis Contre la Guerre (ACG) et la Ligue française des droits de l'homme (LDH).
Les autorités françaises n'ont pas encore réagi à cet appel.
Le contentieux historique entre l'Algérie et la France n'est, rappelons-le, toujours pas soldé. Les présidents, Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron, ont décidé, en août 2022, de mettre en place une commission mixte d'historiens des deux pays pour se pencher sur toute la période coloniale française en Algérie (1830-1962). Cette commission a déjà entamé son travail.
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