L'Éthiopie a annoncé dimanche avoir terminé le remplissage du Grand barrage de la renaissance qu'elle a construit sur le Nil, ravivant les tensions avec l'Égypte, qui a condamné une opération "unilatérale" et "illégale".
Le Soudan, autre pays situé en aval de ce mégabarrage présenté comme le plus grand d'Afrique, n'avait pas réagi dimanche soir.
Ces dernières années, Khartoum et Le Caire, qui voient le barrage comme une menace pour leur approvisionnement en eau, ont à plusieurs reprises demandé à l'Éthiopie de cesser le remplissage du réservoir du Grand barrage de la renaissance (Gerd), en attendant un accord tripartite sur ses modalités de fonctionnement.
Le Bureau du Premier ministre a ensuite posté plusieurs photos montrant Abiy Ahmed sur le site du barrage avec un message en anglais:
Notre persévérance nationale envers et contre tout a porté ses fruits !
Menace existentielle
Avec ce mégabarrage hydroélectrique (1,8 km de long, 145 mètres de haut) capable de générer à terme plus de 5.000 mégawatts, l'Éthiopie entend doubler sa production d'électricité, à laquelle environ seulement la moitié de ses quelque 120 millions d'habitants ont actuellement accès.
Quelques semaines plus tôt, mi-juillet, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et Abiy Ahmed s'étaient donné quatre mois pour parvenir à un accord sur le remplissage et l'exploitation du barrage, lors d'une rencontre en marge d'un sommet de dirigeants africains sur la guerre au Soudan.
L’Egypte considère ce mégabarrage comme une menace existentielle, car elle dépend du Nil pour 97% de ses besoins en eau.
La position de Khartoum a, elle, varié ces dernières années.
L'Éthiopie assure de son côté que son mégabarrage, situé dans le nord-ouest du pays à une trentaine de kilomètres de la frontière avec le Soudan, ne perturbera pas le débit du fleuve.