Les deux experts turcs estiment, dans deux entretiens séparés accordés à Anadolu, que les parties internationales et régionales établiront leurs positions à l’endroit du Soudan en fonction de leurs intérêts et à l’aune de ce qui se passera dans ce pays de l’Afrique de l’Est.
Demirtaş a déclaré que ces développements affecteront inévitablement les pays voisins tels que l'Egypte, le Soudan du Sud, la Libye, le Tchad, la République centrafricaine, l'Erythrée et l'Éthiopie, qui ont des frontières terrestres communes avec le Soudan.
Demirtaş a relevé que la Libye sera touchée par toute vague potentielle de réfugiés en provenance du Soudan, et que des vagues de réfugiés pourraient également constituer une menace pour la stabilité du Tchad.
Il a averti que toute vague de migration irrégulière en provenance du Soudan génèrera des répercussions régionales et affectera également la sécurité de l’Europe.
L’universitaire spécialiste des Relations internationales a souligné que l'Egypte est préoccupée par la crise au Soudan, mais adopte pour l’instant une attitude prudente, étant donné que sa priorité demeure le dossier du Nil et la crise du barrage de "la Renaissance" avec l’Ethiopie.
Demirtaş a précisé, à ce propos, que l'Ethiopie est également préoccupée par les développements au Soudan, mais elle se trouve dans une meilleure posture que l’Egypte.
L’universitaire prévoit que les Etats-Unis, la Russie et la Chine définissent leurs positions à l’endroit de la crise soudanaise, après la fin du processus d'évacuation de leurs ressortissants, et ce, en fonction de ce qui s'y passera.
De son côté, Can Dogioglu, expert en affaires nord-africaines au Centre turc d'études sur le Moyen-Orient, a estimé que les parties internationales actives n'avaient pas encore arrêté leurs positions au sujet de la situation qui prévaut au Soudan.
Il a indiqué que la priorité de ces parties consiste à garantir la sécurité de leurs ressortissants et de leurs missions diplomatiques pour assurer leur évacuation en toute sécurité.
S’agissant de la position de la Chine, l’académicien a estimé que la priorité de Pékin demeure la protection de ses intérêts économiques en tant que principal partenaire commercial du Soudan.
Il a ajouté que la Chine n'a pas été impliquée dans la crise et déploie des efforts inlassables pour convaincre les parties de revenir à la table des négociations.
Pour ce qui est de la position russe, Dogioglu a indiqué que Moscou suit actuellement de près la crise au Soudan.
Il a ajouté qu'il existe des allégations liées à une collaboration entre le chef des Forces de soutien rapide (FSR) et le groupe russe Wagner (déployé en République centrafricaine).
L’expert a souligné que le succès de l'armée soudanaise à chasser les FSR de Khartoum ne mettra pas fin à la crise dans le pays et que le conflit pourrait également s'étendre à la région du Darfour.
Depuis le 15 avril courant, plusieurs États du Soudan, essentiellement la capitale Khartoum, sont secoués par de violents affrontements entre l'armée régulière dirigée par Abdel Fattah al-Burhan et les FSR menées par Mohamed Hamdane Daglo, dit "Hemedti", provoquant des centaines de morts et des milliers de blessés, majoritairement des civils.