Japon: un lanceur privé de satellite explose au décollage

11:0013/03/2024, mercredi
MAJ: 13/03/2024, mercredi
AFP
Une petite fusée lancée par la start-up Space One basée à Tokyo, le 13 mars 2024 sur le site de Spaceport Kii à Kushimoto, au Japon dans la préfecture de Wakayama.
Crédit Photo : Wakayama Telecasting Corp / AFPTV / AFP
Une petite fusée lancée par la start-up Space One basée à Tokyo, le 13 mars 2024 sur le site de Spaceport Kii à Kushimoto, au Japon dans la préfecture de Wakayama.

Une fusée d'une entreprise privée nippone a explosé mercredi quelques secondes après son décollage dans l'ouest du Japon, un revers pour l'industrie aérospatiale du pays, qui cherche à se faire une place dans le marché mondial des services spatiaux en pleine expansion.

Cette mission inaugurale de la start-up Space One avait pour but de placer un satellite du gouvernement nippon en orbite, ce qui aurait été une première pour une entreprise japonaise privée.


Baptisée
"Kairos"
et haute de 18 mètres, la fusée à combustible solide a quitté le sol mercredi à 11H01 heure japonaise (02H01 GMT) depuis le site de lancement de Space One tout au bout de la péninsule de Kii, dans le département de Wakayama (ouest), une zone montagneuse et boisée.

Mais quelques secondes après son lancement, la fusée s'est transformée en boule de feu, une épaisse fumée a envahi le site de lancement et des débris enflammés de l'engin sont retombés sur les pentes environnantes, déclenchant l'intervention de pompiers.

Dans un communiqué, Space One a indiqué avoir dû prendre "une mesure pour annuler le vol" peu après le décollage, et enquêter sur les raisons de l'échec.


"J'avais de grands espoirs pour (ce lancement), je suis déçu. Je veux savoir ce qu'il s'est passé"
, a témoigné un des nombreux spectateurs venus y assister depuis un site à proximité, interrogé par la chaîne de télévision publique NHK.

Ce revers porte un coup à l'ambition du Japon de jouer rapidement un plus grand rôle dans le marché mondial des services de lancements spatiaux.



Un vol inaugural maintes fois reporté


Space One avait reporté sa mission inaugurale à cinq reprises, ayant notamment connu des difficultés d'approvisionnement en pièces à cause de la pandémie de Covid-19 puis à cause de l'invasion russe de l'Ukraine.


Cette start-up a été fondée en 2018 par un consortium d'entreprises japonaises dont Canon Electronics, IHI Aerospace et le groupe de construction Shimizu, ou encore la Development Bank of Japan, une institution financière de l'Etat.

Après l'échec du lancement, le titre Canon Electronics a brièvement chuté de près de 13% à la Bourse de Tokyo, avant de se reprendre partiellement.


L'agence spatiale japonaise Jaxa a remporté plusieurs succès majeurs récemment: son nouveau lanceur lourd H3 a réussi à décoller le mois dernier, et en janvier son petit module SLIM s'est posé sur la Lune, une première historique pour le Japon.


Mais le H3, censé permettre au Japon de rivaliser notamment avec le Falcon 9 de la firme américaine SpaceX, avait subi deux premiers échecs embarrassants en 2023. Un autre modèle plus petit de la Jaxa, Epsilon, connaît aussi des déboires depuis 2022.


Une autre start-up japonaise, ispace, qui tentait de devenir la première entreprise privée à réussir à se poser sur la Lune, avait connu un revers l'an dernier, lorsque son alunisseur s'était écrasé à la surface de l'astre.


Le maire de Kushimoto, petite ville de 15.000 habitants près du site de lancement de Space One, a exprimé mercredi sa surprise et sa déception devant la presse.

"Je n'avais même pas imaginé"
ce scénario, a déclaré Katsumasa Tashima après l'explosion de la fusée alors que des habitants s'étaient réunis sur une plage avoisinante pour observer le lancement.

Mais
"nous voulons continuer à offrir notre aide pour que la première fusée (de Space One, NDLR) réussisse son lancement",
a ajouté l'élu.

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