Japon: le PIB trimestriel au plus haut depuis fin 2020

19:0215/08/2023, вторник
MAJ: 15/08/2023, вторник
AFP
Crédit photo: Philippe FONG / AFP
Crédit photo: Philippe FONG / AFP

Tirée par les exportations, la croissance du Japon au deuxième trimestre a été nettement supérieure aux attentes et a signé son meilleur trimestre depuis fin 2020, selon des chiffres préliminaires publiés mardi, mais les économistes avertissent contre tout excès d'optimisme.

Le Produit intérieur brut (PIB) du pays a grimpé de 1,5% sur un trimestre en données ajustées des variations saisonnières, et de 6% en rythme annualisé. Un dynamisme inédit depuis le quatrième trimestre 2020.


Le consensus d'économistes de l'agence Bloomberg s'attendait à une croissance bien plus modeste de 0,8%, après +0,9% au premier trimestre (un chiffre révisé mardi en hausse, contre +0,7% annoncé en juin).


Le moteur de la croissance sur la période avril-juin a été les exportations (+3,2% sur un trimestre), tandis que les importations ont chuté de 4,3% grâce à la décrue des cours mondiaux des hydrocarbures. La contribution nette du commerce extérieur au PIB a ainsi été largement positive (+1,8%).


"Les exportations japonaises se sont redressées alors que la crise sur les chaînes d'approvisionnement du secteur automobile s'est estompée et que la dépréciation du yen a fourni du soutien",
avait observé dans une récente note Ryutaro Kono, chef économiste de BNP Paribas au Japon.

La production industrielle japonaise en juin a par ailleurs été révisée mardi en hausse (+2,4% sur un mois contre 2% lors de l'estimation initiale il y a deux semaines).

Le retour massif des touristes étrangers au Japon depuis la levée des restrictions sanitaires dans l'archipel fin 2022 a aussi contribué à l'accélération du PIB national, en dopant les exportations de services.


Le Japon
"est l'une des rares économies avancées qui fait mieux en 2023 qu'en 2022"
, avait observé fin juillet le chef économiste du Fonds monétaire international (FMI), qui a relevé à 1,4% sa prévision de croissance pour le pays cette année, contre 1% en 2022.

La Banque du Japon (BoJ) table sur une croissance de 1,3% sur l'ensemble de l'exercice 2023/24 entamé le 1er avril.


Repli de la consommation


Mais l'ombre au tableau est la consommation des ménages, qui a reculé de 0,5% sur le trimestre écoulé, après une hausse de 0,6% en début d'année.


Car le pouvoir d'achat des consommateurs nippons est fragilisé par la faiblesse persistante du yen, combinée à une inflation restant très élevée pour des standards japonais (3,3% en moyenne sur la période avril-juin, hors produits frais).

Selon Marcel Thieliant, chef de la recherche en Asie-Pacifique chez Capital Economics, la croissance japonaise devrait ralentir au second semestre car le revenu disponible réel (corrigé de l'inflation) des ménages nippons devrait continuer à chuter.


En outre, le boom des exportations automobiles japonaises grâce à une fluidité retrouvée sur les chaînes d'approvisionnement
"ne devrait pas durer"
car les constructeurs nippons sont en retard dans le segment électrique, a encore estimé M. Thieliant dans une note publiée mardi.

La demande venant de Chine, dont la reprise économique est difficile, est déjà en berne, et la demande des Etats-Unis et de l'Europe pour les produits
"made in Japan"
devrait ralentir avec la décélération de leurs économies respectives.

Les investissements non-résidentiels des entreprises privées au Japon ont par ailleurs stagné sur le trimestre écoulé, après un bond de 1,8% en début d'année.


Aussi la vigueur probablement ponctuelle du PIB nippon au deuxième trimestre ne devrait pas inciter la Banque du Japon à se hâter de normaliser sa politique monétaire, a ajouté M. Saito.


Fin juillet la BoJ a rendu son contrôle des rendements obligataires nippons plus flexible mais n'a pas remis en question sa politique monétaire toujours ultra accommodante, totalement à rebours des pays occidentaux.


La BoJ continue de penser que son objectif d'une inflation stable à 2%
"n'est pas encore en vue"
et avait souligné que des
"incertitudes extrêmement élevées"
entouraient l'évolution future de l'activité économique et des prix au Japon.

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