Zone euro: l'amélioration de l'inflation freinée par la flambée des prix alimentaires

17:392/03/2023, Perşembe
MAJ: 2/03/2023, Perşembe
AFP
Crédit photo: DIRK WAEM / BELGA / AFP
Crédit photo: DIRK WAEM / BELGA / AFP

Le ralentissement de l'inflation a marqué un coup d'arrêt en février dans la zone euro à cause de la flambée des prix alimentaire, qui a compensé l'accalmie des tarifs de l'énergie.

Le taux d'inflation sur un an a baissé pour le quatrième mois consécutif à 8,5%, mais ce recul de 0,1 point seulement par rapport à janvier est bien moindre que lors des trois mois précédents, selon les chiffres d'Eurostat publiés jeudi. Il est également inférieur aux attentes des analystes qui tablaient en moyenne sur 8,2% ou 8,3%.


Les tensions se renforcent par ailleurs sur les tarifs des biens industriels et des services, ce qui laisse augurer de nouvelles hausses des taux d'intérêt par la Banque centrale européenne (BCE) ces prochains mois. L'inflation avait atteint un record en octobre, à 10,6%, après un an et demi de hausse ininterrompue, accélérée par la guerre en Ukraine.


Après des baisses marquées en novembre, décembre et janvier, grâce à une accalmie sur les prix du gaz, du pétrole et de l'électricité, elle a presque stagné le mois dernier. Mais cette relative stabilité masque un changement majeur: pour la première fois depuis deux ans, les prix de l'alimentation sont devenus le premier moteur de l'inflation.


Leur hausse s'est accélérée en février, à 15% en rythme annuel après 14,1% en janvier.

Elle a dépassé le renchérissement des tarifs de l'énergie qui ont progressé en moyenne de 13,7% et poursuivi leur ralentissement par rapport à la hausse de 18,9% enregistrée le mois précédent. La flambée des prix de l'énergie avait culminé en octobre avec un bond de 41,5% sur un an, selon l'office européen des statistiques.


Hausse des taux d'intérêt


Les analystes s'attendent désormais à une baisse des prix de l'énergie dans les prochains mois. L'inflation de cette composante
"deviendra négative vers le milieu de l'année"
, prévoit Jack Allen-Reynolds de Capital Economics.

Il table par ailleurs sur un ralentissement de la hausse des denrées alimentaires.
"Les données sur les prix à la production donnent à penser qu'elle est proche d'un pic",
a-t-il estimé. Cependant, pour Oxford Economics, cette
"composante n'a encore montré aucun signe de répit".

Plus inquiétant pour les économistes, les tarifs des biens industriels ont augmenté le mois dernier de 6,8% sur un an, soit 0,1 point de plus qu'en janvier. Pire, dans les services, elle s'est accélérée à 4,4% (+0,4 point).

Une fois corrigée des prix volatils de l'énergie et de l'alimentation, l'inflation dite
"sous-jacente"
, plus représentative des tendances de long terme, a encore progressé à 5,6% en février, un niveau record très au-dessus du plafond de 2% d'inflation fixé par la BCE.

La présidente de l'institution monétaire, Christine Lagarde, a déjà annoncé un relèvement de ses taux d'intérêt de 0,5 point de pourcentage en mars. Comme d'autres experts, Paolo Grignani d'Oxford Economics s'attend à une poursuite du durcissement monétaire durant les mois suivants.


"L'inflation sous-jacente persistante ouvre la voie à un resserrement analogue de la politique monétaire au deuxième trimestre",
a-t-il estimé. En restreignant les volumes de crédits accordés aux ménages et entreprises, ce durcissement devrait freiner la demande de biens et services, ralentissant donc la hausse des prix à la consommation, mais aussi la croissance économique.

Parmi les 20 pays de la zone euro, les taux d'inflation les plus faibles en février ont été enregistrés au Luxembourg (4,8%) et en Belgique (5,5%). La France (7,2%) est toujours parmi les pays les mieux lotis, faisant bien mieux que l'Italie (9,9%) ou l'Allemagne (9,3%). Comme les mois précédents, l'inflation a été la plus forte dans les pays baltes, Lettonie (20,1%), Estonie (17,8%) et Lituanie (17,2%), d'après les données harmonisées d'Eurostat.


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