Le Hezbollah en proie à une faille de sécurité: des dispositifs achetés à des sociétés écrans liées au Mossad

La rédaction
11:4920/09/2024, vendredi
Yeni Şafak
Les restes d'un talkie walkie explosé sur un canapé à l'intérieur d'une maison à Baalbek, dans l'est du Liban, 18 septembre 2024.
Crédit Photo : AFP / Archive
Les restes d'un talkie walkie explosé sur un canapé à l'intérieur d'une maison à Baalbek, dans l'est du Liban, 18 septembre 2024.

De nouvelles informations dévoilées par plusieurs sources, dont le New York Times et des médias proches du Hezbollah, confirment la gravité de la faille de sécurité dont a été victime le groupe libanais.

L'explosion de bipeurs et de talkies-walkies, qui a fait 34 morts et près de 3 500 blessés, révèle une opération de grande envergure menée par Israël à travers des sociétés écrans.


Le Hezbollah aurait en effet acquis ces dispositifs auprès d'une société créée de toutes pièces par le Mossad.

L'attaque, planifiée de longue date, s'inscrit dans le contexte des tensions croissantes entre Israël et le Hezbollah, avec en toile de fond les efforts de Hassan Nasrallah pour sécuriser les communications de l'organisation face aux capacités d'espionnage israéliennes.


Après avoir interdit l'usage des téléphones portables, le groupe chiite a opté pour une technologie plus désuète: les bipeurs. Mais, dans une ironie tragique, ces dispositifs se sont révélés être des bombes à retardement.


L'infiltration israélienne et la création de sociétés écran


L'opération israélienne a été minutieusement préparée. Selon le New York Times, Israël a mis en place plusieurs sociétés écrans, dont la principale, BAC Consulting, basée en Hongrie, a produit les bipeurs pour le compte d'une société taïwanaise, Gold Apollo.


Les bipeurs, censés offrir une solution de communication discrète, ont en réalité été piégés. Selon des sources israéliennes citées par le journal, chaque bipeur contenait environ 20 grammes d'explosifs, du PETN, une substance particulièrement puissante, dissimulée dans les batteries.

Un message envoyé en arabe, prétendument issu de la direction du Hezbollah, a déclenché les explosions simultanées, selon trois responsables israéliens interrogés. La sophistication de l'opération est sans précédent, marquant un tournant dans la guerre de l'information menée par Israël contre le Hezbollah.


Une montée en puissance des livraisons et une manipulation des appareils


L'achat des bipeurs a débuté en 2022, mais la livraison s'est intensifiée cet été, alors que les tensions s'aggravaient entre les deux ennemis.


Tel Aviv aurait également infiltré la chaîne logistique du Hezbollah pour s'assurer que les bipeurs piégés atteignent leurs cibles sans éveiller de soupçons.

En parallèle, mercredi, l'explosion de talkies-walkies utilisés par le Hezbollah a fait 25 morts et des centaines de blessés, suggérant une opération coordonnée similaire. Les responsables israéliens n'ont pas confirmé publiquement leur implication, mais plusieurs sources proches des services de renseignement affirment qu'une stratégie comparable a été employée.


Questions non résolues et impact stratégique


Si l'ampleur de l'attaque est indéniable, plusieurs mystères demeurent. Notamment, la manière dont Israël a pu s'introduire aussi profondément dans la logistique du Hezbollah et pourquoi l'attaque a été déclenchée à ce moment précis. Selon certains experts, Tel Aviv aurait craint que le Hezbollah ne découvre l'infiltration de son réseau de communication, poussant Israël à agir rapidement.


Une autre hypothèse évoque une tentative de prévenir une attaque imminente planifiée par le Hezbollah.

Benyamin Netanyahu a déclaré récemment que toutes les mesures seraient prises pour sécuriser la frontière nord d'Israël et permettre le retour des citoyens déplacés par les combats avec le Hezbollah. Deux jours plus tard, les explosions de bipeurs semaient la panique dans les rangs de la milice chiite.


Le Hezbollah, de son côté, reste silencieux sur les détails techniques de l'attaque, mais a promis des représailles. Lors de son discours après les explosions, Hassan Nasrallah a accusé Israël de vouloir tuer "
5 000 membres du Hezbollah en deux minutes"
, dénonçant une
"attaque sans précédent dans l'histoire de la résistance."

Alors que la guerre continue de faire rage à Gaza, les tensions entre Israël et le Hezbollah semblent entrer dans une nouvelle phase, avec des implications potentiellement explosives pour l'ensemble de la région.


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