Forte amende requise contre le numéro 2 du PVC en Europe après une fuite chimique en Méditerranée

20:105/06/2023, Monday
MAJ: 5/06/2023, Monday
AFP
Le Chimiste et Président de KEM ONE, Alain de Krassny. Crédit photo: BERTRAND LANGLOIS / AFP
Le Chimiste et Président de KEM ONE, Alain de Krassny. Crédit photo: BERTRAND LANGLOIS / AFP

Une amende de 200.000 euros a été requise lundi à Marseille, dans le sud de la France, à l'encontre du groupe de chimie français Kem One, numéro deux européen du PVC, à l'origine de la fuite d'un produit chimique toxique en Méditerranée à l'été 2020.

Plusieurs associations environnementales ainsi que la ville de Martigues, commune où est installée cette entreprise classée Seveso "seuil haut", avaient porté plainte devant le tribunal correctionnel de Marseille pour préjudice moral et environnemental.


Le représentant du ministère public, Guillaume Bricier, a estimé que Kem One devait
"assumer sa responsabilité environnementale"
.

Dans la nuit du 22 au 23 juillet 2020, une fuite avait été détectée au niveau d'un bac de stockage de solution de chlorure ferrique, au sein de l'atelier de production du site de Kem One. Une partie s'était déversée dans les eaux pluviales, mais une autre dans un bac de rétention. Or, celui-ci, sous-dimensionné et seulement partiellement revêtu d'un produit anti-corrosif, avait provoqué une seconde fuite.


Plus de 10 heures s'étaient déroulées entre le signalement de l'incident et la fin de celui-ci, à coups de pompages et colmatages. Au total, jusqu'à 330 m3 de ce produit chimique hautement corrosif, utilisé notamment pour le traitement des eaux usées, s'était déversé en mer. 

Au contact de l'eau, une solution acide marron était apparue, formant une nappe toxique en Méditerranée avant de constituer des sédiments, visibles pendant plusieurs semaines, au fond de l'eau.


Préventivement, les autorités locales avaient interdit la baignade durant deux jours sur les plages adjacentes, très fréquentées à cette période de l'année, et interdit tout mouillage et pêche autour de la zone concernée.


Outre la mort de plusieurs poissons, oursins ou encore d'un Fou de Bassan, espèce protégée, de nombreux herbiers de posidonies, "poumons des mers", avaient pâti de cet incident.

Selon le ministère public, le fleuron du PVC français a été fautif lors de la "conception" même de ses cuves mais aussi sur la "fréquence des contrôles", qui auraient dû être "plus poussés et réguliers".


Les avocats du groupe de chimie ont contesté eux toute négligence, parlant de "quelques" poissons morts:
"aucune instance n'a conclu à une non-conformité des installations"
, a expliqué Me Adrien Prémorel.

La décision a été mise en délibéré au 3 juillet.


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