Pour l'heure, les rares procès des crimes commis par le régime Jammeh se sont déroulés loin de la Gambie. Celui de l'ex-ministre de l'Intérieur, Ousman Sonko, poursuivi en Suisse depuis 2017 pour crimes contre l'humanité, s'ouvre lundi prochain.
Les autorités ont accepté de poursuivre 70 personnes, à commencer par M. Jammeh, parti en exil en Guinée équatoriale en janvier 2017 après avoir perdu l'élection présidentielle de décembre 2016 face à Adama Barrow.
Le gouvernement a aussi annoncé en février 2023 œuvrer avec l'organisation des Etats ouest-africains à la mise sur pied d'un tribunal chargé de juger les crimes commis sous les 22 ans de règne de l'ancien dirigeant.
Le procès de l'ancien président est encore très incertain car aucun accord d'extradition n'existe entre la Gambie et la Guinée équatoriale, petit pays d'Afrique centrale dirigé d'une main de fer par Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, qui détient le record mondial de longévité à la tête d'un Etat pour un dirigeant encore vivant et a remporté la présidentielle de novembre 2022 avec près de 95% des suffrages.
C'est aussi un dossier sensible pour un pays toujours dans une phase de transition démocratique fragile, où l'ancien autocrate, bien qu'exilé, continue d'exercer une influence.
Nous proposons de développer un cadre judiciaire spécial et de créer une cour hybride pour juger les auteurs d'actes assimilés à des crimes internationaux.
Le parlement gambien a par ailleurs adopté début novembre deux projets de loi, un sur les réparations aux victimes du régime Jammeh et l'autre sur l'interdiction d'exercer une fonction publique pour certaines personnes soupçonnées d'avoir commis des crimes, suivant les recommandations de la commission.