Au Bangladesh, la succession de la Première ministre Hasina en question

19:1111/01/2024, jeudi
MAJ: 11/01/2024, jeudi
AFP
La Première ministre du Bangladesh, Sheikh Hasina, prend la parole alors qu'elle prête serment pour un cinquième mandat au palais présidentiel de Dhaka le 11 janvier 2024.
Crédit Photo : Munir UZ ZAMAN / AFP
La Première ministre du Bangladesh, Sheikh Hasina, prend la parole alors qu'elle prête serment pour un cinquième mandat au palais présidentiel de Dhaka le 11 janvier 2024.

La Première ministre du Bangladesh, Sheikh Hasina, a prêté serment jeudi pour un cinquième mandat après sa victoire aux élections qui ont renforcé sa domination sur le pays mais illustrent l'absence de successeur désigné de son camp.

"Je remplirai fidèlement mes fonctions de Premier ministre conformément à la loi"
, a-t-elle déclaré lors de la cérémonie de prestation de serment au palais présidentiel. Son parti, la Ligue Awami, a obtenu plus des trois quarts des sièges au parlement, à l'issue d'un scrutin boycotté par l'opposition qui l'a qualifié de
"simulacre"
.

Au zénith de son pouvoir, elle aura 81 ans au terme de son mandat de cinq ans si elle le poursuit à son terme et devrait être en mesure de mettre le pied à l'étrier à un successeur dans un pays à la forte culture politique dynastique.

Mais ce sujet reste encore largement tabou dans les couloirs du pouvoir. Sheikh Hasina, fille du dirigeant fondateur du Bangladesh,
"n'aime pas parler de cette question de succession"
, a déclaré à l'AFP un cadre de la Ligue Awami.

Pour Pierre Prakash, de l'International Crisis Group, l'emprise de Mme Hasina depuis 1981 sur le parti cofondé par son père
"a freiné la montée de jeunes dirigeants compétents"
. Avec d'autres experts, il estime peu probable qu'Hasina trouve un successeur en dehors de sa famille. Trois membres de cette famille sont considérés comme les élus les plus probables.

Le fils


Sajeeb Wazed Joy, fils aîné de Sheikh Hasina, a apporté une aide importante au gouvernement bien qu'il vive à l'étranger. Âgé de 52 ans, il a orchestré l'expansion des services internet au Bangladesh et était jusqu'en novembre conseiller au numérique auprès de sa mère, servant de porte-parole officieux du gouvernement sur les réseaux sociaux. Son visage apparaît sur des affiches de campagne aux côtés de celui de sa mère.


Mais selon un député de haut rang de la Ligue Awami, il ne souhaite pas faire de carrière politique et préfère rester aux États-Unis avec sa famille américaine. M. Joy s'est brièvement rendu au Bangladesh en novembre dernier, mais n'a pas participé à la dernière campagne électorale. En 2016, il avait même reproché au parti de l'avoir fait membre sans sa permission, a indiqué le député à l'AFP.


La sœur


Le père de Sheikh Hasina, Sheikh Mujibur Rahman, fondateur du Bangladesh, a été assassiné en 1975 lors d'un coup d'État militaire par des officiers qui ont également assassiné sa mère, ses trois frères et d'autres membres de sa famille. Ses deux filles - Sheikh Hasina et sa sœur cadette, Sheikh Rehana, aujourd'hui âgée de 68 ans, se trouvaient à l'étranger à l'époque et ont une relation très proche depuis l'attaque.


Sheikh Hasina a rendu hommage à sa sœur quelques jours avant les élections la remerciant de s'être occupée de ses deux enfants quand elle entamait sa carrière politique dans les années 1980. Sheikh Rehana a régulièrement accompagné sa sœur pendant la campagne électorale et lors de rencontres avec des dirigeants étrangers. Son
"expérience et son influence dans les couloirs du pouvoir de Dacca"
en font une remplaçante crédible, a déclaré à l'AFP Avinash Paliwal, de l'École des études orientales et africaines de Londres.

La fille


Saima Wazed, 51 ans, deuxième enfant de Sheikh Hasina, était relativement inconnue jusqu'à l'année dernière. En novembre, elle a été nommée directrice régionale de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l'Asie du Sud-Est, malgré des critiques sur son manque d'expérience en matière de santé publique. Saima Wazed a régulièrement accompagné sa mère lors de tournées diplomatiques, mais manque d'expérience en politique locale. Sa relative jeunesse pourrait cependant être un atout pour les jeunes Bangladais, estime M. Paliwal.


L'avenir


Aucun des trois n'est cependant un successeur vraiment convaincant et leur promotion pourrait fracturer la machine politique que Sheikh Hasina a construite, estime Pierre Prakash.
"Les analystes doutent que l'un d'entre eux dispose du pouvoir ou de l'expérience nécessaire pour maintenir l'unité du parti avec autant d'efficacité que Sheikh Hasina"
.

Un scepticisme partagé par les électeurs bangladais interrogés par l'AFP.
"Joy ne connaît pas le terrain et les fils du pays"
, selon Ahmed Yousuf, diplômé d'université de 25 ans
. "Rehana est la fille de notre dirigeant fondateur mais elle manque d'expérience et de compétences. De même que Saima"
, note-t-il.

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