Annulation du sommet de la paix à Luanda entre le Rwanda et la RDC

15:4815/12/2024, dimanche
MAJ: 15/12/2024, dimanche
AFP
Le président rwandais Paul Kagame (à droite) accueille le président de la République démocratique du Congo (RDC) Félix Tshisekedi (à gauche) au poste frontière de Grande Barrière à Rubavu, au Rwanda, le 25 juin 2021. Les deux présidents ont visité des lieux à Rubavu qui ont été endommagés par l'éruption du volcan Nyiragongo le 22 mai 2021 2021. Lors de cette éruption, de nombreux habitants de Goma en RDC se sont réfugiés au Rwanda.
Crédit Photo : Simon Wohlfahrt / AFP
Le président rwandais Paul Kagame (à droite) accueille le président de la République démocratique du Congo (RDC) Félix Tshisekedi (à gauche) au poste frontière de Grande Barrière à Rubavu, au Rwanda, le 25 juin 2021. Les deux présidents ont visité des lieux à Rubavu qui ont été endommagés par l'éruption du volcan Nyiragongo le 22 mai 2021 2021. Lors de cette éruption, de nombreux habitants de Goma en RDC se sont réfugiés au Rwanda.

Les pourparlers prévus dimanche à Luanda entre les dirigeants du Rwanda et de la République démocratique du Congo pour mettre fin à l'interminable conflit meurtrier dans l'est de la RDC ont été annulés, a annoncé la présidence angolaise.

"Contrairement à ce à quoi nous nous attendions, le sommet n'aura plus lieu aujourd'hui",
a déclaré aux journalistes le responsable médias de la présidence angolaise, Mario Jorge.

La présidence congolaise avait annoncé auparavant que ces négociations étaient dans une
"impasse",
mettant à mal la perspective d'un accord à l'issue de la rencontre des chefs d'Etat des deux pays qui était prévue dans la journée.

Les présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame devaient se rencontrer sous les auspices du président angolais Joao Lourenço, médiateur désigné de l'Union africaine (UA) dans le conflit entre Kigali et Kinshasa, pour de nouveaux pourparlers visant à rétablir la paix dans l'est de la RDC déchiré depuis 30 ans par des conflits. 


A la mi-journée, seul M. Tshisekedi était arrivé au siège de la présidence à Luanda.


Le M23 ("Mouvement du 23 mars"), groupe armé soutenu par Kigali et son armée, s'est emparé depuis novembre 2021 de vastes pans de territoire dans l'est de la RDC riche en minerais.


"Il y a une impasse car les Rwandais ont posé comme préalable à la signature d'un accord que la RDC mène un dialogue direct avec le M23",
 a déclaré Giscard Kusema, porte-parole de présidence congolaise présent à Luanda, avant la réunion des chefs d'Etat. 

Les deux parties avaient pourtant affirmé deux jours avant le sommet
"travailler sur un accord qui pourrait être finalisé"
dimanche et qu'il y avait
"une volonté d'aller vers la signature d'un accord". 

Joao Lourenço avait également indiqué avoir
"bon espoir que cette réunion aboutisse à la signature ou à la décision de signer prochainement un accord de paix durable entre les deux pays voisins".

Mais samedi, des discussions préparatoires entre les ministres des Affaires étrangères des deux pays ont achoppé sur la question sensible des négociations avec le M23. 


"Ennemis de la République"


Kigali réclame que Kinshasa négocie directement avec les rebelles pour mettre fin au conflit. Ce que refuse catégoriquement la RDC, qui qualifie le M23 d'
"ennemis de la République"
et considère que puisque les rebelles opèrent grâce au soutien de Kigali et son armée, les négociations avec le Rwanda doivent régler la question.

"Le Rwanda demande un engagement ferme de la RDC à reprendre des pourparlers directs avec le M23 dans un cadre et des délais bien définis, sans quoi rien ne serait réglé",
a expliqué vendredi le ministre des Affaires étrangères rwandais Olivier Nduhungirehe. 

"Le M23 n'existe que parce que les rebelles ont un soutien militaire rwandais. Si Kigali est de bonne foi dans les négociations et sur sa promesse de retirer (...) ses troupes du sol congolais, le conflit s'arrêtera avec le M23, en même temps qu'il s'arrêtera avec le Rwanda",
a répliqué une source gouvernementale congolaise.

Fin novembre, la RDC et le Rwanda avaient déjà approuvé un concept d'opérations (CONOPS) établissant, en théorie, le départ des soldats rwandais et la neutralisation par l'armée congolaise des FDLR en juste 90 jours. 


Les FDLR, groupe armé formé par d'anciens hauts responsables hutu du génocide des Tutsi au Rwanda en 1994 depuis réfugiés en RDC, et qui combat le M23 tout comme une nébuleuse de milices pro-Kinshasa dans l'est, constitue aux yeux de Kigali une menace permanente.


Un premier
"plan harmonisé"
de sortie de crise daté d'août prévoyait initialement la neutralisation des FDLR comme préalable au départ des soldats rwandais. Il avait été rejeté par la RDC qui réclamait
"la simultanéité des opérations".

Une demi-douzaine de cessez-le-feu et trêves ont déjà été décrétés puis violés dans l'est de la RDC.


Fin juillet, un nouveau cessez-le feu a été signé après deux ans et demi d'affrontements et d'accords rompus. Il a déjà été mis à mal par au moins une offensive du M23 et des accrochages réguliers au cours des dernières semaines entre rebelles et forces armées congolaises.


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