Des ONG interdites et suspendues au Cameroun pour "financements illicites": répression ou nécessité ?

La rédaction
15:0013/12/2024, vendredi
MAJ: 12/12/2024, jeudi
Yeni Şafak
Crédit Vidéo : Franck Péraise Mballa / Nouvelle Aube
Au Cameroun, la suspension et l’interdiction de plusieurs ONG, dont Redhac et Reach Out Cameroon, ont provoqué une vive indignation, perçues comme des tentatives d’intimidation en contexte pré-électoral.

Au Cameroun, la décision du gouvernement de suspendre plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) a suscité une vague d’indignation parmi les défenseurs des droits humains. Trois ONG ont été suspendues pour une durée de trois mois, tandis que deux autres ont été complètement interdites. Parmi celles-ci, le Réseau des droits humains en Afrique centrale (Redhac), l’Association charitable socioculturelle du Cameroun et l’ONG Reach Out Cameroon, basée à Buea. Cette annonce a suscité une vague d’indignation notamment des acteurs de la société civile et de certains partis politiques d’opposition qui y voient la volonté de museler et d’intimider les défenseurs de la justice sociale et des droits fondamentaux, dans un contexte pré-électoral.

Le Gouvernement se justifie


Les autorités camerounaises ont défendu ces mesures en avançant des soupçons de
"blanchiment de capitaux"
et de
"financement du terrorisme"
. Selon le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, les montants perçus par ces ONG ne seraient pas en adéquation avec les activités réellement menées sur le terrain.

Il a souligné que ces organisations pourraient être impliquées dans des opérations financières douteuses, mettant ainsi en péril l'intégrité du système financier national.
En l'espace de deux ans, elles auraient reçu environ 16 milliards de francs CFA (24,4 millions d’euros), des sommes jugées disproportionnées par rapport à leurs déclarations d'activités.

Les défenseurs camerounais des Droits de l’Homme réagissent et le MRC (Mouvement de la Renaissance du Cameroun) de l’opposant Maurice KAMTO emboîte le pas


Cyrille Rolande Béchon, directrice exécutive de l’ONG Nouveaux droits de l’Homme au Cameroun, a exprimé son indignation face à la décision récente des autorités, qu'elle qualifie de
"sans fondement juridique"
. Elle rappelle que cette situation n'est pas nouvelle, car depuis 2014, les défenseurs des droits humains au Cameroun subissent une pression croissante. Malgré cette interdiction, elle a annoncé que des activités prévues pour le 10 décembre seront maintenues afin de dénoncer cette décision et de soutenir la protection des droits humains dans le pays.
Cette mesure a été vivement critiquée par de nombreux défenseurs des droits humains, qui y voient une nouvelle tentative de museler les voix critiques.

L'opposant Maurice Kamto a également réagi, qualifiant les motifs de suspension
"graves"
et soulignant l'importance pour les Camerounais de rester vigilants et mobilisés contre ce qu'il décrit comme une dictature persistante.

Il faut noter que Maximilienne Ngo Mbe, figure centrale dans la défense des droits humains au Cameroun depuis plus d’une décennie, a souvent dénoncé les violations des droits fondamentaux. Elle a été la cible de menaces et de harcèlement en raison de son activisme. Son engagement pour la protection des défenseurs des droits humains et son appel à l’action ont été reconnus internationalement, mais elle affirme continuer de faire face à des défis considérables dans un environnement politique répressif.


En conclusion…


Alors que les différents acteurs se regardent en chiens de faïence et que certains attendent une réaction du Président de la République, l’opinion publique reste en haleine au regard des activités prévues et maintenues le 10 décembre 2024 par certaines organisations suspendues et la possible réaction du Ministre de l’Administration Territoriale du Cameroun connu pour sa main lourde en matière de sanction.


Par
Franck Péraise Mballa

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