Ancien ministre des Transports: Le Maroc face à des indicateurs économiques mitigés

16:3513/03/2023, lundi
MAJ: 13/03/2023, lundi
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Crédit Photo: APANEWS
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Le Maroc fait face à moult défis à relever en 2023, notamment en matière de développement économique, social et environnemental.

Les influences extérieures peuvent, en effet, avoir un impact significatif sur l'économie marocaine, ce qui rend essentiel de renforcer sa résilience économique.


Dans une interview, l'ancien ministre marocain des Transports, Najib Boulif, a estimé que le bilan de la situation économique au Maroc depuis le début de l'année 2023 subit une sorte d'incohérence et de décalage dans le traitement des indicateurs économiques.


Le Maroc ne s'est pas encore remis des conséquences négatives de la guerre russo-ukrainienne, notamment en ce qui concerne l'indice des prix à la consommation, malgré l'enregistrement de revenus financiers record en 2022.


"Le Royaume a réalisé, en 2022, des revenus exceptionnels sans précédent... Les revenus exceptionnels dont le gouvernement n'avait jamais atteint, ont été utilisés pour maintenir les équilibres économiques"
, a-t-il indiqué.

Il a expliqué que le gouvernement a perçu des revenus importants provenant d'une source particulière et où il a été demandé d'utiliser ces revenus pour renforcer le pouvoir d'achat des citoyens, dans une circonstance exceptionnelle caractérisée par des prix élevés.


L’ancien ministre a, à cet égard, rappelé qu’en 2022, les envois des fonds des Marocains du monde entier ont dépassé 109 milliards de dirhams soit 10,5 milliards de dollars. Par ailleurs,
''les revenus du tourisme ont été revus à la hausse et nous avons réalisé des revenus record pour les phosphates et les ventes de voitures’’.

Selon Boulif, le Trésor public a réalisé une augmentation de 230 milliards de dirhams (22,2 milliards de dollars) contre ce qui a été enregistré en 2021.
"Chaque citoyen peut imaginer ce qui peut être fait avec ces sommes supplémentaires",
a-t-il regretté. Et de se demander ce que
"les Marocains auraient gagné de ce montant supplémentaire important’’.

Selon lui, le gouvernement aurait pu gérer ces excédents pour mener à bien des mesures économiques, financières et sociales exceptionnelles.


Le mois dernier, le Premier ministre marocain Aziz Akhannouch a déclaré, lors d'une réunion du Conseil du gouvernement, que les mesures prises par le gouvernement pour assurer l'approvisionnement des marchés et son soutien continu aux prix des transports contribueront à stabiliser les prix alimentaires dans les semaines à venir.


Les répercussions de la guerre russo-ukrainienne


"Le déclin de l'activité qui a été enregistré dans le monde ne peut pas être entièrement attribué à la guerre russo-ukrainienne",
a déclaré Boulif. L’ancien responsable marocain a affirmé
"qu’avant le déclenchement de la guerre, le Fonds monétaire international s'attendait à une baisse significative de la croissance aux États-Unis, passant de 5,6% en 2021 à 4% en 2022 et à 2,6% en 2023’’.

Et la même source de poursuivre,
"L'Afrique et certains pays du Moyen-Orient peuvent être considérés comme les plus touchés par la guerre, car ils importent plus de 50 % de leurs besoins en céréales d'Ukraine et de Russie".

Notons que près de 35 pays africains importent des denrées alimentaires de Russie et d'Ukraine, tandis que 22 d'entre eux importent des engrais. Alors que certains pays d'Afrique subsaharienne sont confrontés à une hausse des prix du blé de 50 à 85 %, en raison de l'impact de la guerre sur les expéditions de céréales.


"Contrairement à ce que plusieurs pensent, la guerre présente des opportunités pour le Maroc. Le Royaume pourrait, si son gouvernement avait bien gérer le dossier économique de la guerre, à travers le dédommagement de certaines entreprises russes et ukrainiennes et le transfert des entreprises de leur lieu de production et de leur siège social vers un pays neutre"
, a-t-il regretté.

"Le Maroc aurait pu bénéficier du transfert de certaines entreprises de leur lieu de production et de leur siège social de la Russie et de l'Ukraine vers un pays neutre et de considérer l'ensemble du contexte en prenant en compte les différents intérêts en jeu",
a-t-affirmé.

Inflation sans précédent


Concernant les répercussions de la guerre sur les prix, Boulifa a déclaré que la hausse des prix de l'énergie, des aliments, des matières premières et des approvisionnements dépendants, ont exacerbé les pressions inflationnistes.


Les taux d'inflation ont atteint des niveaux records dans de nombreux pays. Aux États-Unis d'Amérique, les prix à la consommation ont enregistré un pic de 4 décennies en juin 2022 à 9,1 %, avant de ralentir à 6,3 % en janvier dernier. Les pays de l'Union européenne et de la zone euro ont également souffert d'une inflation record qui a dépassé 10 %, avant qu'elle ne ralentisse en raison de la hausse des taux d'intérêt.


Selon Boulif,
"l'inflation anticipée au Maroc a trois composantes. La première est liée à l'inflation mondiale, qui est une inflation importée"
. Alors que le deuxième élément est lié à la baisse de l'offre, car la sécheresse a entraîné une nette réduction de la production agricole, tandis que le troisième type d’inflation est principalement lié aux coûts élevés.

Impacté de manière négative par la guerre russo-ukrainienne, le Maroc a enregistré un taux d'inflation annuel qui s'est accéléré à 8,9% en janvier, contre 6,6% en décembre. Cette hausse est due à l’augmentation des prix des matières premières dont, la nourriture et l'énergie au premier plan.


En décembre dernier, la Banque centrale marocaine a décidé de relever le taux d'intérêt de 50 points de base à 2,5%, contre 2% auparavant, pour tenter de juguler la forte inflation résultant des répercussions de la guerre en Ukraine et de la sécheresse.


Début septembre, le gouvernement marocain a annoncé que le salaire minimum passera à 3 500 dirhams dans le secteur public (350 $). Et en mars 2022, le gouvernement marocain a décidé d'apporter un soutien financier compris entre 100 et 700 dollars aux travailleurs du secteur des transports, pour atténuer les effets de la hausse des prix du carburant.


Orientation économique


L'ancien ministre marocain des Transports a déclaré que
"le gouvernement portant plus tôt une orientation libérale (rugueuse), n'a pas été en mesure de réaliser ce qu'il proposait dans son programme de travail". "Il est difficile, par exemple, pour le gouvernement actuel d'éluder ce qui est lié à la protection sociale et à la couverture maladie (assurance maladie)’’
, a-t-il assuré à Anadolu.

Et d’ajouter,
‘’si le gouvernement el Otmani a atteint un taux de croissance de 7,6 % en 2021, le gouvernement actuel, au cours de sa première année de travail, n'a enregistré que 1,3 %’’. ‘’Si le déficit du compte courant est environ 2,3% du produit intérieur brut en 2021, il s’est creusé à 3,3% en 2022’’
, explique-t-il.

La raffinerie La Samir... la grosse magouille


Boulif a appelé à
"évaluer le processus de libéralisation des prix du carburant et à donner de vraies réponses aux questions liées aux acteurs de l’économie marocaine et à ceux qui sont affectés négativement, afin de leur rendre justice".

Dans son entretien accordé à Anadolu, l’ancien ministre marocain des Transports, Najib Boulif a affirmé que le pourcentage des bénéfices et des marges doit être déterminé pour tous ceux qui sont impliqués dans le secteur des hydrocarbures, et une décision politique finale doit être prise à propos du processus de raffinage au Maroc.


"Il faut aussi trouver une solution au dossier de la Samir, unique raffinerie du royaume, et accélérer la recherche d'une solution définitive’’
, a-t-il conclu. La Samir pour le raffinage et le stockage du pétrole est mise en liquidation judiciaire, depuis environ 2016, en raison de l’incapacité de ses anciens dirigeants, à payer ses dettes. L'économiste a estimé qu'
"il est nécessaire de réviser les lois relatives au secteur des carburants en général (pétrole et gaz), et au domaine de l'énergie dans son ensemble".

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