Crédit Photo : RONNY HARTMANN / AFP
Le chancelier allemand Olaf Scholz (au centre) et la ministre allemande de l'Intérieur Nancy Faeser (à droite) se serrent la main lors d'une visite sur le site de l'attentat contre un marché de Noël à Magdebourg, le 21 décembre 2024.
Le gouvernement allemand et les responsables des forces de sécurité doivent dire lundi ce qu'ils savaient précisément du suspect de l'attaque mortelle du marché de Noël de Magdebourg, surveillé par la police mais laissé libre.
Le drame, qui a fait cinq morts et plus de 200 blessés le 20 décembre, aurait-il pu être évité?
"J'aimerais le savoir aussi"
, a répondu le chancelier Olaf Scholz vendredi, lors d'un entretien au site t-online.
En campagne pour sa réélection à deux mois des législatives anticipées, le chef de gouvernement social-démocrate a promis de faire la lumière sur d'éventuels
"manquements de la part des autorités de Saxe-Anhalt ou au niveau fédéral"
.
"Des indications répétées ont été faites au fil des ans"
au sujet de Taleb Jawad al-Abdulmohsen, a-t-il reconnu.
Depuis dix jours, l'Allemagne s'interroge sur les raisons qui ont poussé ce médecin saoudien de 50 ans à faucher la foule du marché de Noël à bord d'un puissant véhicule BMW lancé à toute allure, mais aussi sur d'éventuels défauts d'alerte malgré les signaux inquiétants qu'il envoyait depuis des années.
Personnalité difficile à cerner, le psychiatre de formation a pêle-mêle exprimé des opinions hostiles à l'islam, sa colère contre les fonctionnaires allemands de l'immigration et son soutien aux récits conspirationnistes d'extrême droite sur une
de l'Europe.
Alors qu'il se trouve toujours en détention provisoire, la ministre allemande de l'Intérieur Nancy Faeser, celle de Saxe-Anhalt, des responsables des autorités et les chefs des services secrets doivent répondre lundi aux questions des députés d'une commission parlementaire.
Programmée à 13H00 locales (12H00 GMT), la session de la commission des affaires intérieures se tiendra à huis clos, signe d'un dossier sensible.
L'enquête
"va se poursuivre à plein régime"
, a commenté samedi la ministre de l'Intérieur de Saxe-Anhalt, Tamara Zieschang (CDU, conservateurs), soulignant qu'elle portait aussi sur le fonctionnement du dispositif de sécurité du marché de Noël.
Mme Zieschang
"doit répondre à beaucoup de questions"
, a estimé dimanche le chef du parti social-démocrate (SPD) Lars Klingbeil, tentant ainsi d'inverser la pression sur la droite, à la tête de la région.
Mais si la responsabilité du gouvernement est aussi en question, c'est que les médias allemands ont révélé d'innombrables publications du suspect sur les réseaux sociaux, proférant notamment des menaces de violence contre les citoyens et les hommes politiques allemands.
Une décennie plus tôt, en 2013, il avait été condamné à une amende à Rostock, dans le nord-est de l'Allemagne, pour
"troubles à l'ordre public"
et
"menaces de commettre des crimes"
.
Plus récemment, l'Arabie saoudite avait demandé à Berlin son extradition, après avoir averti à plusieurs reprises qu'il
"pourrait être dangereux"
, a indiqué à l'AFP une source proche du gouvernement à Ryad.
Selon le quotidien Die Welt, la police allemande, après une évaluation
, avait jugé l'an dernier qu'il ne présentait pas de
.
Jeudi, la police de Saxe-Anhalt a précisé la chronologie de deux échanges oraux menés avec lui dans ce contexte: un premier fin septembre 2023 dans un commissariat, une deuxième fois début octobre 2024 sur son lieu de travail.
Plusieurs tentatives d'entretien ont échoué en décembre 2023, indique-t-elle aussi.
La police organise de telles rencontres avec des personnes considérées comme une menace potentielle pour leur faire comprendre qu'elles sont étroitement surveillées et les dissuader.
L'attaque a replacé les questions de l'immigration et de la sécurité au coeur de la campagne pour les législatives anticipées du 23 février.
Installé en Allemagne depuis 2006, Taleb Jawad al-Abdulmohsen disposait du statut de réfugié et bénéficiait ainsi de la protection de son pays d'accueil.
Lors d'une manifestation à Magdebourg, le parti d'extrême-droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), qui pourrait doubler son score par rapport aux dernières élections, a exigé de
face aux
"fous furieux venus de tous les pays"
.
"Nous tolérons en Allemagne trop de gens qui ne veulent pas s'intégrer"
, a affirmé vendredi le conservateur Friedrich Merz, grand favori des sondages pour devenir le futur chancelier.
Il préconise de faciliter les expulsions
"même en dessous du seuil des infractions pénales établies"
.
Olaf Scholz a de son côté rappelé que l'opposition de droite avait bloqué en octobre une partie du projet de loi durcissant la politique migratoire du pays, qui prévoyait des pouvoirs d'enquête supplémentaires aux forces de l'ordre.
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