La fermeture des frontières, d'abord décidée par les militaires qui ont pris le pouvoir à Niamey, puis par la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) pour les sanctionner, a non seulement coupé ce Nigérien de 38 ans de son pays et de sa famille, mais l'a aussi ruiné.
Et pour survivre en attendant une hypothétique réouverture, il a commencé à vendre le gasoil dans son réservoir.
Les négociations entre les militaires et le bloc ouest-africain, qui a menacé d'une intervention militaire en cas d'échec de celles-ci, semblent au point mort. Les militaires annoncent une période de transition de trois ans, tandis que la CEDEAO demande le rétablissement du président Bazoum.
En attendant, le Niger, qui est déjà l'un des pays les plus pauvres du monde, est très durement touché par ces sanctions.
Les prix des denrées alimentaires ont grimpé d'environ 21% dans le pays enclavé, qui dépend quasi-totalement de ses voisins pour ses importations et des routiers comme Mahamat Kabirou Amadou.
À Malanville, ces transporteurs s'occupent comme ils le peuvent, disputant d'interminables parties de cartes sur le goudron, les nerfs à fleur de peau ou l'air abattu.
L'argent de nos patrons est fini. La faim nous frappe. On prie le gouvernement béninois de nous aider en ouvrant la frontière. Nous voulons traverser.
Tous regardent les collines et les terres verdoyantes de l'autre côté du fleuve Niger qui matérialise la frontière entre les deux pays ouest-africains.
Côté Niger, le pont est bloqué par quatre grands camions et des conteneurs, ainsi que des sacs de sable.
Pour ceux qui n'ont pas de camion à faire transiter, une autre solution existe...
Cette commerçante nigérienne de 35 ans, qui a cinq bouches à nourrir, avait toujours effectué la traversée en bus pour venir recouvrir les créances de ses clientes installées au Bénin.
Le trafic est désormais à l'arrêt, poursuit-il, en raison de la présence quasi-permanente des policiers qui quadrillent le fleuve et ses alentours jusqu'au poste de contrôle juxtaposé.
Les policiers ferment les yeux, aidés par des pots-de-vin et un certain pragmatisme mêlé de compassion, face au désespoir de ces femmes et de ces hommes pour qui les échanges entre les deux pays sont d'une nécessité vitale.