L'ancien Président Donald J. Trump a réalisé de nombreuses premières dans l'histoire politique américaine. Cette semaine, la possibilité d'en ajouter une nouvelle à ces premières, à savoir la possibilité d'être le premier Président américain arrêté, a été mise à l'ordre du jour. Dans le passé, de nombreux Présidents ont été confrontés à des scandales et ont commis des crimes, mais aucun d'entre eux n'est arrivé au stade de l'arrestation. Bill Clinton a été mis en accusation pour avoir menti au jury préliminaire, mais il a été acquitté lors du vote. Richard Nixon a dû démissionner de la présidence après le scandale du Watergate et a été gracié par le Président Ford. Pour Trump, de nombreuses enquêtes et poursuites judiciaires sont toujours en cours, et il n'y a pas de Président pour lui accorder une grâce. Trump, qui a appelé ses partisans à manifester en disant qu'il pourrait être arrêté mardi dans l'affaire préparée par le bureau du procureur de Manhattan, a également signalé qu'il pourrait être jouer avec le feu si nécessaire, comme lors des événements du 6 janvier.
M. Trump a qualifié l'éventuel procès de chasse aux sorcières et le procureur Bragg de sorosiste, affirmant qu'il faisait l'objet d'une manipulation politique. Trump, qui a annoncé sa candidature aux élections de 2024 en novembre dernier, affirme qu'il a été piégé et qu'il est victime d'une conspiration mondialiste. Il est clair que Trump voudra transformer la victimisation de l'arrestation en avantage politique. À la suite des rumeurs d'arrestation, des manifestants se sont rassemblés devant le palais de justice de Manhattan, mais jusqu'à présent, aucune foule de partisans de Trump n'est descendue dans la rue. On peut s'attendre à ce que l'image créée par son arrestation et la prise de sa photo pour son casier judiciaire créent une nouvelle mobilisation dans la base trumpiste. Cependant, il ne sera pas facile pour Trump, qui a toujours essayé de maintenir son image forte et gagnante, de tirer des bénéfices politiques d'une image aussi faible.
Le procureur de Manhattan, Alvin Bragg, qui a réussi à faire condamner le directeur financier de l'Organisation Trump pour fraude fiscale à l'été 2022, enquête désormais sur la falsification des documents de l'entreprise par Trump. Un mois avant les élections de novembre 2016, Trump a versé 130 000 dollars pour faire taire la star du porno Stormy Daniels par l'intermédiaire de la société de nylon de son avocat personnel. On sait également que Trump a remboursé cet argent à son avocat après avoir été élu président. Il a été avancé que ce paiement violait les lois fédérales sur le financement des campagnes électorales car il avait été effectué pour étouffer un scandale à l'approche de l'élection. Toutefois, le fait que le paiement était une infraction d'État alors que la violation de la loi sur le financement des campagnes électorales est une infraction fédérale crée des complications juridiques quant à l'étendue de la compétence du procureur.
Le bureau du procureur de Manhattan avait classé l'affaire sans suites en raison de la difficulté de combiner les deux infractions et d'interpréter le paiement comme un don à une campagne politique. En d'autres termes, il a été dit que les juges n'accorderaient pas de prime si une infraction commise sur le territoire d’un État fédéré et une infraction qualifiée de fédéral étaient inclus en même temps dans la même affaire. Toutefois, le procureur Bragg a indiqué qu'il pouvait réunir ces deux infractions et poursuivre Trump en convoquant le jury préliminaire. Il a ajouté que Trump pouvait venir témoigner devant le jury préliminaire s'il le souhaitait. Le fait que Bragg associe les deux infractions sera une première en termes d'argumentation juridique. L'affaire peut retourner sans suites des tribunaux ou de la Cour suprême, mais le fait que Trump sera arrêté et témoignera lorsque l'affaire sera déposée revêt une importance historique en soi.
Trump a été la première personne à être élue Président des États-Unis sans aucune expérience gouvernementale ou militaire. Entré dans la course à la présidence avec son passé de showman de télé-réalité et d'homme d'affaires, Trump a choqué le monde en battant Hillary Clinton, peut-être l'une des candidates à la présidence des plus qualifiées et des plus expérimentés de l'histoire des États-Unis. Trump, qui a été scandalisé chaque jour par ses actions et sa rhétorique contraires aux normes politiques, a réussi à devenir Président en promettant d'être la voix des masses aliénées par le système politique. De plus, après avoir réussi à faire de Clinton la candidate de l'establishment, Trump a convaincu les masses qu'il était le seul à pouvoir changer ce système. Trump, qui n'a pas hésité à admettre que le système était truqué en faveur de personnes riches et puissantes comme lui, sortait complètement du format de l'homme politique typique.
Le plus grand avantage de Trump était que les critiques et les accusations ne collaient pas, précisément parce qu'il n'était pas un politicien ordinaire. Aujourd'hui, cependant, les enquêtes et les poursuites sont incessantes et, dans l'une de ces affaires, il semble avoir atteint le stade de l'arrestation. Si Trump est arrêté, l'arrestation d'un ancien Président enverra le message que personne n'est au-dessus de la loi, mais cela aura des conséquences durables pour l'institution politique américaine. La magie de la position spéciale accordée aux Présidents dans la politique américaine sera rompue, la tradition de ne pas poursuivre les anciens Présidents prendra fin, des poursuites similaires seront désormais intentées contre chaque Président et la polarisation favorable à Trump s'accentuera. Trump cherchera les moyens de s'en sortir et même d'en tirer un avantage politique, mais son "apparence d'impuissance devant la loi" ne sera bonne ni pour lui, ni pour l'institution politique américaine.
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