
Il y a trois semaines, des millions d’utilisateurs à travers le monde ont téléchargé DeepSeek, un chatbot d’intelligence artificielle présenté comme une alternative plus puissante et économique à ChatGPT d’OpenAI.
Cependant, peu après son adoption massive, plusieurs pays – dont l’Italie, la Corée du Sud et Taïwan – ont commencé à interdire la plateforme chinoise, invoquant des risques pour la sécurité nationale et la protection des données.
Cette vague d’interdictions s’étend à l’Europe, l’Australie et certaines régions d’Asie, où les gouvernements occidentaux s’interrogent sur les implications sécuritaires d’un modèle d’IA chinois collectant et traitant des données utilisateur.
Il ajoute que l’ascension fulgurante de DeepSeek a ébranlé l’industrie de l’IA et provoqué des secousses sur les marchés boursiers.
Qu’est-ce qui différencie DeepSeek des autres IA ?
D’un point de vue technique, DeepSeek repose sur une architecture dite Mixture of Experts (MoE). Sellahewa explique:
Cette technologie permet au modèle d’IA de consulter plusieurs experts issus de diverses disciplines pour générer une réponse.
En termes de performances, DeepSeek rivalise avec ses concurrents sur plusieurs aspects, mais excelle particulièrement dans la résolution de problèmes mathématiques.
Autre élément clé: DeepSeek se positionne comme un modèle d’IA open source, offrant aux développeurs et chercheurs la possibilité d’accéder et de modifier ses algorithmes, contrairement aux modèles propriétaires comme ChatGPT.
Pourquoi DeepSeek fait-il polémique ?
L’essor rapide de DeepSeek a provoqué un séisme dans l’industrie technologique.
À son lancement, les valeurs boursières des géants américains de la tech ont fortement chuté, Nvidia perdant près de 600 milliards de dollars en capitalisation boursière.
Pour Dana McKay, doyenne associée en interaction, technologie et information à l’Institut royal de technologie de Melbourne (RMIT), deux éléments expliquent cette réaction:
- DeepSeek est présenté comme open source, bien que son code et ses bases de données restent non publiés.
- DeepSeek appartient à une entreprise chinoise, soumise aux lois chinoises qui exigent que les données des utilisateurs soient stockées en Chine et accessibles par le gouvernement.
D’après Deepak Padmanabhan, chercheur à l’Université Queen’s de Belfast, l’émergence de DeepSeek représente un défi géopolitique majeur. Il souligne:
DeepSeek est le premier chatbot d’envergure issu d’un pays non occidental, en dehors du monopole des Big Tech américaines.
Quels pays interdisent DeepSeek et pourquoi ?
Plusieurs nations ont rapidement restreint l’accès à DeepSeek, en particulier pour les employés gouvernementaux.
- L’Italie a été le premier pays européen à retirer l’application des boutiques en ligne, invoquant des doutes sur la collecte et le stockage des données personnelles.
- La Corée du Sud, l’Australie et Taïwan ont suivi, interdisant son usage au sein des administrations publiques pour des raisons de cybersécurité.
- Les Pays-Bas ont récemment interdit DeepSeek aux fonctionnaires, craignant des risques d’espionnage par la Chine.
Selon Padmanabhan, ces interdictions sont autant motivées par la politique que par des préoccupations sécuritaires. Il déclare:
L’Europe, l’Australie et le Royaume-Uni étant alignés économiquement et culturellement avec les États-Unis, ils perçoivent DeepSeek comme une menace pour la suprématie technologique occidentale.
Il prévient que ces interdictions pourraient paradoxalement accroître la curiosité du public pour DeepSeek.
Les craintes sur la sécurité de DeepSeek sont-elles fondées ?
La Chine a dénoncé ces interdictions comme une instrumentalisation abusive du concept de sécurité nationale. Le ministère chinois des Affaires étrangères a déclaré:
Pékin attache une grande importance à la protection des données et respecte les lois en vigueur.
Pourtant, plusieurs experts jugent les risques bien réels. Dana McKay explique:
DeepSeek collecte une grande quantité de données: les requêtes des utilisateurs, les informations sur leurs appareils et leur localisation, voire leurs habitudes de frappe sur le clavier.
Ces données pourraient permettre au gouvernement chinois d’identifier les utilisateurs et de surveiller leurs activités, alerte-t-elle.
Les modèles occidentaux font-ils la même chose ?
Padmanabhan va plus loin et conclut que ces préoccupations relèvent davantage de la confiance politique que d’un véritable enjeu technologique:
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