Avec son jeu flamboyant, ses cracks légendaires et ses cinq titres mondiaux, le Brésil a longtemps été décrit comme le "pays du football". Mais ce statut semble de plus en plus menacé.
Pelé, Garrincha, Ronaldinho... Ces noms faisaient rêver tous les amoureux du ballon rond. Aujourd'hui, la Seleçao n'est plus que l'ombre d'elle-même. Elle ne ramène plus la Coupe du monde à la maison depuis 2002 et toute une génération de joueurs a défilé depuis le dernier Ballon d'Or brésilien, décroché par Kaka en 2007.
Victoire du synthétique
Un premier élément de réponse se trouve dans les rues, de plus en plus désertées par les footballeurs en herbe.
C'est pourtant dans des ruelles ou des terrains vagues que des cracks comme Rivellino, Zico ou Romario ont tapé dans leurs premiers ballons.
Enfant, il s'est cassé plusieurs orteils en jouant pieds nus dans les sentiers de terre parsemés de gros cailloux du quartier Vila Aurora. Ils ont laissé place à des rues goudronnées. Des immeubles ont été bâtis sur le terrain vague où Lauro Nascimento disputait aussi des parties endiablées.
Les enfants habitant des quartiers pauvres, d'où sont issus la plupart des stars brésiliennes du ballon rond, ont de plus en plus de mal à trouver des endroits pour jouer.
Transferts moins rentables
Les espoirs reposent actuellement sur Vinicius, 23 ans, attaquant virevoltant du Real Madrid, et le joyau Endrick, 17 ans seulement, qui va bientôt le rejoindre au club espagnol.
L'an dernier, 2.375 joueurs brésiliens ont été transférés pour un montant de 935,3 millions de dollars, 19% de moins que pour les 1.753 transactions enregistrées en 2018, selon des données de la Fifa.
Cela est notamment dû au fait que les pépites brésiliennes comme Endrick, Vinicius ou Rodrygo sont vendues de plus en plus jeunes en Europe, avant que leur valeur de marché n'explose quand ils confirment leur potentiel en jouant au plus haut niveau.
"Mécanique"
Les Brésiliens ont également du mal à sortir du lot dans un football mondial de plus en plus homogène, où la tactique prime souvent sur la qualité technique individuelle.
Victor Hugo da Silva ne remet pas en cause la passion des nouvelles générations. Mais il alerte sur des difficultés nouvelles pour les former, en raison de problèmes physiques qu'il attribue entre autres à la sédentarité d'enfants accros aux jeux vidéos.
Le Brésil compte plus de téléphones mobiles que d'habitants et 34% de la population de cinq à 19 ans est en surpoids, selon l'Atlas mondial de l'obésité.
Suprématie régionale
Mais Leila Pereira, présidente du Palmeiras, double champion national en titre, assure que le Brésil ne va jamais perdre son titre de "pays du football".
Les clubs brésiliens affichent une suprématie impressionnante dans les compétitions sud-américaines, raflant les cinq derniers trophées de la Copa Libertadores, dont deux remportés par Palmeiras. Les meilleures équipes du Brésil disposent de moyens financiers qui leur permettent d'attirer des talents des pays voisins en leur offrant des salaires plus élevés.