Le géant informatique français Atos, pilier technologique des JO-2024, est repris par un consortium mené par Onepoint et David Layani. Retour sur ses défis financiers, changements de dirigeants et activités stratégiques.
Après trois ans de turbulences et de batailles en coulisses, le géant informatique français Atos va être repris par le consortium mené par Onepoint, son principal actionnaire, et David Layani, au détriment de l'homme d'affaires tchèque Daniel Kretinsky.
Dégringolade financière
Septembre 2021. Entre mauvais résultats et objectifs financiers non atteints, comptes non approuvés et relations détériorées avec les investisseurs, Atos voit sa capitalisation boursière dégringoler, jusqu'à l'éjecter du CAC 40, l'indice phare de la Bourse de Paris.
Valse des dirigeants
Conséquence de ces déboires: une valse des dirigeants depuis le départ en octobre 2021 du directeur général Elie Girard. Il avait lui-même succédé en 2019 à Thierry Breton, alors appelé à la Commission européenne et qui avait été à la tête de l'entreprise pendant plus de dix ans.
À peine six mois plus tard, double coup de théâtre avec le départ surprise du nouveau patron Rodolphe Belmer et l'annonce d'un projet de scission en deux entités cotées, finalement abandonné.
Après les nominations en octobre 2023 de l'ancien banquier Jean-Pierre Mustier pour succéder à Bertrand Meunier comme président d'Atos et d'Yves Bernaert au poste de directeur général, le groupe connaît en novembre un nouvel actionnaire de référence, le cabinet Onepoint qui acquiert 11,4 % de son capital.
Pilier technologique des JO 2024
Gestion des accréditations, diffusion instantanée des résultats, cybersécurité... Partenaire informatique mondial du Comité international olympique (CIO) depuis les Jeux de Salt Lake City en 2002, Atos est chargé d'orchestrer et d'assurer l'intégration de l'ensemble des partenaires et intervenants technologiques impliqués dans les Jeux de Paris, comme Orange, Intel, Cisco, Omega ou Panasonic.
Le groupe a également en charge la gestion informatique de l'organisation des Jeux, comme le centre d'accréditations (15 000 athlètes et leurs équipes, des prestataires, des journalistes, des bénévoles, des forces de l'ordre...) ou encore le portail des volontaires, le système d'inscriptions et de qualifications, le calendrier des compétitions.
En matière de services de cybersécurité, c'est Eviden, la branche spécialisée du groupe Atos, qui est à la manœuvre, alors que les organisateurs s'attendent à ce que les JO-2024 soient la cible de très nombreuses cyberattaques ("huit à dix fois plus que les Jeux de Tokyo" de 2021).
Activités souveraines
Que regroupent exactement ces activités souveraines ? Entre autres, des supercalculateurs, essentiels à la simulation d'essais nucléaires, des contrats avec l'armée française et des produits de cybersécurité, intégrant différentes solutions de chiffrement, de crypto-analyse et de contrôle d'accès.
Exemple avec son activité "Mission-Critical Systems", qui fournit des outils de navigation pour les forces navales et la marine marchande, assure la sécurisation des réseaux de communication à bord des avions Rafale "F4" de Dassault et gère une solution livrant à la chaîne de commandement de l'armée une carte du champ de bataille mise à jour en temps réel.