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JO 2024: Tout savoir sur la dégringolade financière d'Atos

Le géant informatique français Atos, pilier technologique des JO-2024, est repris par un consortium mené par Onepoint et David Layani. Retour sur ses défis financiers, changements de dirigeants et activités stratégiques.

11:50 - 11/06/2024 Salı
AFP
Logo de la société de conseil en informatique française Atos sur un bâtiment à Rennes, dans l'ouest de la France.
Crédit Photo : Damien MEYER / AFP
Logo de la société de conseil en informatique française Atos sur un bâtiment à Rennes, dans l'ouest de la France.

Après trois ans de turbulences et de batailles en coulisses, le géant informatique français Atos va être repris par le consortium mené par Onepoint, son principal actionnaire, et David Layani, au détriment de l'homme d'affaires tchèque Daniel Kretinsky.


Quatre choses à savoir sur l'entreprise, pilier technologique des JO de Paris (26 juillet-11 août) et responsable d'activités jugées
"stratégiques"
par l'État français:

Dégringolade financière


Septembre 2021. Entre mauvais résultats et objectifs financiers non atteints, comptes non approuvés et relations détériorées avec les investisseurs, Atos voit sa capitalisation boursière dégringoler, jusqu'à l'éjecter du CAC 40, l'indice phare de la Bourse de Paris.


Alors qu'elle s'échangeait aux alentours de 75 euros début 2021, l'action du groupe, qui compte 100 000 salariés, a depuis perdu plus de 90 % de sa valeur, chutant sous les deux euros.

Plombé par un endettement de près de 5 milliards d'euros, Atos ambitionne,
"sous réserve d'ajustements finaux"
de l'offre de Onepoint, une conversion de 2,9 milliards d'euros de dette en fonds propres, assortie de l'apport de 1,5 milliard d'euros sous forme de dette et d'une augmentation de capital de 250 millions d'euros pour sauvegarder son activité.

Valse des dirigeants


Conséquence de ces déboires: une valse des dirigeants depuis le départ en octobre 2021 du directeur général Elie Girard. Il avait lui-même succédé en 2019 à Thierry Breton, alors appelé à la Commission européenne et qui avait été à la tête de l'entreprise pendant plus de dix ans.


À peine six mois plus tard, double coup de théâtre avec le départ surprise du nouveau patron Rodolphe Belmer et l'annonce d'un projet de scission en deux entités cotées, finalement abandonné.


Après les nominations en octobre 2023 de l'ancien banquier Jean-Pierre Mustier pour succéder à Bertrand Meunier comme président d'Atos et d'Yves Bernaert au poste de directeur général, le groupe connaît en novembre un nouvel actionnaire de référence, le cabinet Onepoint qui acquiert 11,4 % de son capital.


Début janvier 2024, le remplacement d'Yves Bernaert par le directeur financier Paul Saleh, après seulement trois mois en fonction, fait accélérer le processus de sauvetage d'Atos face aux milliards de dette qui l'asphyxient.

Pilier technologique des JO 2024


Gestion des accréditations, diffusion instantanée des résultats, cybersécurité... Partenaire informatique mondial du Comité international olympique (CIO) depuis les Jeux de Salt Lake City en 2002, Atos est chargé d'orchestrer et d'assurer l'intégration de l'ensemble des partenaires et intervenants technologiques impliqués dans les Jeux de Paris, comme Orange, Intel, Cisco, Omega ou Panasonic.


Pour cela, l'entreprise française s'appuie sur 300 personnes dédiées, qui seront mobilisées 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pendant toute la durée des compétitions, affirme-t-elle.

Outre son rôle d'intégrateur, Atos doit recueillir les résultats de chaque compétition, réaliser les classements et les transmettre aux médias
"en temps réel dans le monde entier",
sous la forme requise par chaque sport.

Le groupe a également en charge la gestion informatique de l'organisation des Jeux, comme le centre d'accréditations (15 000 athlètes et leurs équipes, des prestataires, des journalistes, des bénévoles, des forces de l'ordre...) ou encore le portail des volontaires, le système d'inscriptions et de qualifications, le calendrier des compétitions.


En matière de services de cybersécurité, c'est Eviden, la branche spécialisée du groupe Atos, qui est à la manœuvre, alors que les organisateurs s'attendent à ce que les JO-2024 soient la cible de très nombreuses cyberattaques ("huit à dix fois plus que les Jeux de Tokyo" de 2021).


Activités souveraines


Avant la dissolution de l'Assemblée nationale, l'État français, par le biais du ministère de l'Économie, a répété son intention d'acquérir les activités d'Atos jugées
"stratégiques"
, afin qu'elles ne tombent pas entre les mains d'acteurs étrangers.

Que regroupent exactement ces activités souveraines ? Entre autres, des supercalculateurs, essentiels à la simulation d'essais nucléaires, des contrats avec l'armée française et des produits de cybersécurité, intégrant différentes solutions de chiffrement, de crypto-analyse et de contrôle d'accès.


Exemple avec son activité "Mission-Critical Systems", qui fournit des outils de navigation pour les forces navales et la marine marchande, assure la sécurisation des réseaux de communication à bord des avions Rafale "F4" de Dassault et gère une solution livrant à la chaîne de commandement de l'armée une carte du champ de bataille mise à jour en temps réel.


Ou encore Worldgrid, filiale hautement critique qui conçoit les systèmes de pilotage des centrales nucléaires, notamment pour EDF.

Bercy s'est déjà engagé à prêter 50 millions d'euros à Atos pour l'aider à stabiliser sa situation financière et a acquis une
"action de préférence"
, lui permettant de mettre son veto à certaines opérations au niveau de Bull, la filiale qui construit ses supercalculateurs.

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18 gün önce