Foot: 777 Partners, l'actionnaire qui suscite la controverse

16:3317/05/2024, vendredi
AFP
Logo de la société d'investissement 777 Partners, impliquée dans plusieurs scandales financiers dans le milieu du football.
Crédit Photo : 777 Partners / X
Logo de la société d'investissement 777 Partners, impliquée dans plusieurs scandales financiers dans le milieu du football.

Accusé d'opacité concernant ses projets et l'état de ses finances, au point d'irriter certains dirigeants de clubs où il a investi, le fonds américain 777 Partners suscite la controverse et une vigilance toute particulière des instances du football.

Mercredi, au Brésil, le fonds américain a été écarté du contrôle de Vasco da Gama, sur décision d'un juge qui a donné raison aux dirigeants du célèbre club carioca.


Ceux-ci avaient fait part de leurs
"préoccupations sur la capacité financière"
de l'actionnaire majoritaire, et souhaitaient reprendre la main pour éviter que 777 ne cède ses parts à d'autres investisseurs
"externes".

Outre Vasco, dont elle avait racheté 70% des parts en septembre 2022, la firme américaine s'est rendue maître du Hertha Berlin, qui évolue en deuxième division allemande, du Genoa en Italie, du Red Star, sacré cette saison champion de National (3e division) en France, et du Standard de Liège, en Belgique, où souffle comme au Brésil un vent de révolte.


Le 10 mai, des supporters du Standard ont empêché le bus des joueurs d'accéder au stade pour un match à domicile du championnat de Pro League (1ère division). Des banderoles proclamaient "Standard en grève" et "777 go home". La rencontre n'a pas pu être jouée.

Deux jours plus tôt, ce club, qui compte parmi les plus titrés de Belgique, avait annoncé être interdit temporairement de transferts par la fédération,
"faute de pouvoir fournir dans les délais toutes les preuves de paiement demandées".

Nouveau rebondissement jeudi: un juge du tribunal de Liège a ordonné la saisie conservatoire des avoirs de 777 en Belgique, afin de garantir le remboursement à certains créanciers de plusieurs millions d'euros de dettes.

Système pyramidal


La décision donne gain de cause à l'ancien propriétaire du Standard, Bruno Venanzi, qui n'a pas reçu tout l'argent promis lors du rachat de 2022.
"Cette saisie empêche aussi (au fonds américain) de vendre le club"
, a expliqué vendredi M. Venanzi.

Le fonds 777 est engagé sur presque tous les continents. Il détient aussi des parts minoritaires du FC Séville (Espagne) et de Melbourne Victory en Australie.

Les doutes grandissants sur sa solvabilité sont concomitants avec la révélation récente par la presse qu'une cascade de procédures judiciaires s'est abattue sur lui aux Etats-Unis.


L'une d'elles, engagée début mai, porte sur un emprunt de 350 millions de dollars (320 millions d'euros) s'appuyant sur des garanties financières inexistantes, selon le plaignant, le gestionnaire d'actifs britannique Leadenhall Capital Partners.

Ce dernier accuse le fonds de comportements frauduleux comparables à une pyramide de Ponzi, c'est-à-dire de procéder à des achats d'actifs en s’endettant avant d'utiliser ces mêmes actifs comme garantie pour en acquérir d’autres.

D'après ce même gestionnaire britannique, c'est de cette manière que 777 Partners comptait racheter le club anglais d'Everton. Un projet annoncé en septembre dernier à grand renfort de superlatifs, mais qui s'est finalement heurté à la vigilance des autorités britanniques sur la solvabilité de l'acheteur.


Sans compétences dans le football


"En Angleterre, les sommes d'argent investies dans le football sont tellement énormes que les autorités sont obligées de faire attention et d'exercer un contrôle étroit du secteur"
, relève le politologue belge Jean-Michel De Waele, qui est aussi sociologue du sport à l'Université libre de Bruxelles (ULB).

Selon lui, la Belgique, où le football est
"très peu régulé",
devrait s'inspirer de ce modèle afin d'éviter à l'avenir des situations du type de celles que connaît le Standard, dont les pertes se comptent en dizaines de millions d'euros ces dernières années.

À Liège, le directeur général du Standard, Pierre Locht, a écarté tout risque de faillite dans l'immédiat. Mais l'avenir se jouera sans lui. M. Locht et un autre administrateur ont démissionné de leur poste pour
"ne pas être complices de 777",
selon le journal Le Soir.

"C'est curieux qu'un tel fonds, qui investit absolument dans tout, des compagnies aériennes aux assurances, veuille accessoirement être présent dans le football sans compétence pour cela",
fait valoir Jean-Michel De Waele.

Au Red Star, en revanche, la direction affiche son optimisme avant de retrouver la Ligue 2 la saison prochaine.


"Chaque club est indépendant, la situation économique du Standard n'est pas celle du Red Star. Tout le monde a été payé",
a déclaré un porte-parole de ce club historique de la proche banlieue parisienne.

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