Des médicaments essentiels mais abandonnés car peu rentables, et des pénuries qui s'aggravent: les fabricants de génériques s'inquiètent d'un modèle économique.
Pour lutter contre les problèmes d'approvisionnement, le français Biogaran (le laboratoire génériques du groupe Servier) a décidé d'augmenter ses stocks de sécurité minimale de médicaments, passant de 3 mois à 3,5, voire 4 mois sur l'ensemble de ses 900 références.
C'est plus que ce qu'exigent les autorités sanitaires françaises, qui fixent à deux mois les stocks pour les médicaments d'intérêt thérapeutique majeur (MITM) - voire quatre mois dans de rares cas.
Mais les stocks ne représentent qu'une partie du problème. Les industriels pointent en effet du doigt le prix peu élevé des molécules dites matures, dont le brevet est tombé dans le domaine public, et qui ont souvent été délaissées par les grands laboratoires au profit de médicaments beaucoup plus onéreux.
Si le phénomène est mondial, les tarifs fixés par les autorités sanitaires en France sont, disent-ils, particulièrement faibles.
Ainsi, une boîte d'antibiotique est vendue quelques euros: bien loin des traitements payés par l'Assurance maladie de dizaines de milliers d'euros, ou pouvant dépasser le million d'euros dans le cas de thérapies géniques.
Selon une étude récente de l'association française des fabricants de génériques, le Gemme, la France serait même le pays le moins profitable pour le secteur pharmaceutique des principaux marchés européens (derrière la Grande-Bretagne, l'Espagne ou l'Allemagne notamment).
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L'entrepreneur cite notamment le cas d'un médicament qu'il produit comme sous-traitant. Celui-ci, vendu environ 5 euros en France, se monnaie 50 fois plus cher aux Etats-Unis.
En Allemagne, où le problème de pénuries se pose aussi, le gouvernement a récemment décidé de remonter le prix de certaines molécules. Au total, 180 médicaments seront concernés durant trois mois.
Si cette clause de sauvegarde a été maintenue dans le dernier Budget de la sécurité sociale, le gouvernement a toutefois investi --depuis la pandémie-- dans la relocalisation de médicaments, avec des soutiens à de nombreuses entreprises pharmaceutiques, notamment pour rapatrier le principe actif du paracétamol.