"Suicidaire" et sous antidépresseur selon son avocat, le néonazi norvégien Anders Behring Breivik, qui a tué 77 personnes en 2011, traîne de nouveau en justice l'État norvégien pour protester contre son isolement carcéral.
Crâne rasé, costume cravate sombre, Breivik s'est, contrairement à ses apparitions publiques précédentes, abstenu de toute provocation à son arrivée dans le gymnase de la prison de Ringerike où s'est ouvert lundi le procès de cinq jours.
Le 22 juillet 2011, il avait d'abord fait exploser une bombe près du siège du gouvernement à Oslo, faisant huit victimes, puis tué 69 autres personnes, des adolescents pour la plupart, en ouvrant le feu sur un camp d'été de la Jeunesse travailliste sur l'île d'Utøya.
Il a été condamné en 2012 à la peine maximale d'alors, soit 21 ans de prison avec possibilité d'extension.
Sous Prozac
Il est désormais dépendant de l'antidépresseur Prozac pour supporter ses journées en prison.
Selon lui, Breivik n'a aujourd'hui de contacts qu'avec deux autres détenus qu'il voit une heure toutes les deux semaines sous étroite surveillance, et avec le personnel pénitentiaire.
En 2016, il avait déjà attaqué l'État pour ces deux mêmes motifs et avait, à la surprise générale, partiellement obtenu gain de cause en première instance. Mais il avait ensuite été complètement débouté en appel et la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) avait jugé sa plainte "irrecevable" en 2018.
Perruches de compagnie
Toujours selon NTB, les autorités pénitentiaires y ont aussi placé trois perruches pour combler son souhait d'avoir un animal de compagnie.
L'État, lui, justifie l'isolement - relatif, insiste-t-il - de Breivik par sa dangerosité et la nécessité de se prémunir contre les risques qu'il fait planer sur la société, les autres détenus et les gardiens mais aussi ceux qui pèsent sur lui.
Le système carcéral norvégien accorde traditionnellement une place importante à la réhabilitation des criminels.
Breivik s'est jusqu'à présent montré peu réceptif au travail de réhabilitation.
Les apparitions publiques antérieures de Breivik donnaient généralement lieu à des gestes ou propos provocateurs (salut hitlérien, écriteaux militants, tirades à caractère idéologique...) vécues douloureusement par les familles des victimes et les rescapés.
On n'a jamais une paix totale et durable.
Le tribunal d'Oslo interdit la retransmission du témoignage de Breivik prévu mardi après-midi.