Crédit photo: DANIEL MIHAILESCU / AFP
À 250 km de la frontière ukrainienne, un capitaine français pilote son Rafale au côté d'avions de chasse F-16 de l'armée de l'Air roumaine: un message de solidarité entre partenaires de l'Otan sur le flanc Est de l'Alliance.
Pour la première fois, du 16 au 20 octobre, un groupe d'aviateurs français est venu s'entraîner avec leurs homologues roumains, sur la base aérienne de Fetesti, dans l'est de la Roumanie.
"Nous fonctionnons comme les Français, nous nous comprenons parfaitement"
, s'enthousiasme en anglais le lieutenant-colonel Lucian Tatulea, pilote de chasse roumain, qui avait déjà croisé le capitaine lors d'un passage en Lituanie, dans les pays baltes.
Une trentaine d'aviateurs de la 30e escadre de chasse de Mont-de-Marsan (sud-ouest) a fait le déplacement avec trois avions Rafale, dans le cadre de la mission Aigle en Roumanie qui vise à protéger le territoire de l'Otan, depuis le début de la guerre russo-ukrainienne.
Outre l'entraînement pour améliorer
"l'interopérabilité"
, c'est-à-dire la capacité à travailler ensemble, l'armée de l'Air française a voulu faire la démonstration d'un
"déploiement agile",
réduit au minimum logistique, avec sa capacité à se brancher rapidement sur n'importe quelle base aérienne amie du flanc est de l'Europe.
La France est nation-cadre de la mission Aigle, ce qui en fait l'interlocuteur entre Bucarest et les nations susceptibles de se déployer en Roumanie, membre de l'Otan depuis 2004. Un statut qui concrétise le
"pivot vers l'Est"
opéré par les armées françaises depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022.
Paris a atteint sa vitesse de croisière avec 1.350 militaires déployés et la nomination cet été d'un Français, Loïc Girard, au poste de général adjoint de la division multinationale Sud-Est de l'Otan à Bucarest, une première.
La majorité des Français sont des soldats de l'armée de Terre qui font partie d'un bataillon interallié qui accueille actuellement 300 Belges et Luxembourgeois, sur la base de Cincu, au cœur de la Roumanie, appuyés par plusieurs chars Leclerc et canons Caesar.
Un détachement de 100 aviateurs français installés face à la mer Noire complète ce dispositif, pour défendre le port stratégique de Constanta contre d'éventuelles attaques aériennes russes (avions, missiles, drones, hélicoptères...).
Défense antiaérienne
Défense antiaérienne
Le système antiaérien sol-air Mamba, le seul en activité déployé par la France à l'étranger, a connu
"plusieurs niveaux d'alerte"
depuis son déploiement en mai 2022, reconnaît le commandant Gilles, à la tête de ce détachement.
Composé d'un radar à 360°, deux lanceurs armés de 16 missiles d'une portée d'environ 100 km et d'un
"module d'engagement"
recueillant ordres et informations, le système
"fonctionne 24/24, 7j/7"
, explique-t-il dans le camp installé près de la plage.
Un radar GM200 permet également de voir à 250 km.
La mission: protéger Constanta par où passent la majorité des céréales ukrainiennes à l'exportation, et la base aérienne Mihail Kogalniceanu, à proximité.
À 150 km au nord, la Roumanie a découvert récemment des débris de drone après des attaques russes sur des infrastructures portuaires ukrainiennes sur le Danube. Tout en condamnant les attaques, Bucarest a estimé qu'
"il n'y avait pas d'intention de toucher la Roumanie".
En cas d'agression, sur décision de l'Otan et avec l'accord de Bucarest, les militaires se disent
"prêts"
. Au total, plus de 5.000 troupes de l'Otan sont déployées en Roumanie, soit le plus gros contingent de forces alliées sur le flanc sud-est de l'Europe.
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