Aux Comores, des élections législatives favorables au parti présidentiel

10:5113/01/2025, lundi
MAJ: 13/01/2025, lundi
AFP
Un électeur vote dans un bureau de vote à Mitsoudje le 12 janvier 2025, lors des élections parlementaires comoriennes.
Crédit Photo : Ibrahim YOUSSOUF / AFP
Un électeur vote dans un bureau de vote à Mitsoudje le 12 janvier 2025, lors des élections parlementaires comoriennes.

Les Comoriens ont voté dimanche pour élire leurs députés lors d’un scrutin attendu comme favorable au camp présidentiel, une grande partie de l’opposition ayant décidé de boycotter l’élection. Ce rendez-vous électoral a été marqué par des retards dans l’ouverture des bureaux de vote.

L’opposition, craignant un manque de transparence dans le scrutin, avait choisi de ne pas participer. Cependant, certains candidats dissidents ont refusé d’observer ce mot d’ordre et se sont présentés pour éviter de reproduire le boycott des législatives de 2020, qui avait laissé le champ libre au parti présidentiel, la Convention pour le Renouveau des Comores.


Sous une légère pluie, le président Azali Assoumani, âgé de 65 ans, a voté dans sa ville natale de Mitsoudje, à 15 kilomètres de la capitale Moroni.
"Je remercie Dieu, depuis le début de la campagne, il n’y a pas eu de troubles. Il pleut, mais c’est une bénédiction",
a-t-il déclaré à la presse.

"Je remercie les candidats de l’opposition qui se sont présentés aux élections. Nous avons besoin d’une opposition constructive",
a-t-il ajouté.

Dans cet archipel pauvre de l’océan Indien, plusieurs bureaux de vote ont ouvert en retard dimanche matin, selon des constatations de l’AFP. En raison de ces retards et des intempéries, la commission électorale a prolongé l’ouverture des bureaux de deux heures en fin de journée.

Le matériel électoral faisait parfois défaut. À Moroni, un bureau ne disposait pas d’isoloir, obligeant le personnel à en improviser un avec deux pans de tissu noués. Dans un autre bureau, un simple carton posé sur une chaise servait d’isoloir, compromettant la confidentialité du vote.


Un électeur vêtu d’un boubou et coiffé d’un kofia, couvre-chef traditionnel des Comores, s’est plaint:
"J’ai trempé mon doigt dans l’encrier, mais c’est déjà parti."
L’encre indélébile est pourtant censée prévenir les votes multiples.

Trente-trois députés doivent être élus pour cinq ans par 338 940 inscrits dans ce scrutin uninominal majoritaire à deux tours, ouvert jusqu’à 16 h (13 h GMT). La commission électorale dispose de cinq jours pour proclamer les résultats, avant le second tour prévu le 16 février.

Maigre suspense


Dans certaines circonscriptions, les candidats du pouvoir sont assurés de l’emporter dès le premier tour, faute d’adversaires. À Bacha, près de Moroni, fief de l’ancien ministre de l’Intérieur Daoud Abdallah Mohamed, passé à l’opposition en 2021, ce dernier a accusé le pouvoir de tentative de triche.


"Notre mandataire a été arrêté alors qu’il voulait stopper le bourrage d’urnes",
a affirmé le leader du parti Orange. Ces allégations ont été réfutées par les assesseurs du bureau de vote.

Interrogé sur ces accusations de fraude, le président Azali a répondu:

C’est du déjà entendu. Il faudrait des preuves de ce qu’ils avancent.

La campagne électorale a suscité peu d’engouement, à l’exception de celle menée par le fils du président Azali. Nour el-Fath Azali, 39 ans, nommé secrétaire général du gouvernement en juillet 2024, se présentait dans la circonscription de Hambou, à une vingtaine de kilomètres de Moroni. Sa candidature a donné lieu à une abondance de casquettes et de tee-shirts à son effigie.


Les trois îles de l’archipel - Grande Comore, Anjouan et Mohéli - sont dirigées par des gouverneurs issus du parti présidentiel, élus en 2024.

Arrivé au pouvoir pour la première fois en 1999 par un coup d’État, le colonel Azali est revenu à la présidence en 2016. En janvier 2024, il a officiellement obtenu 57,2 % des voix, prolongeant son mandat jusqu’en 2029.


Ce scrutin avait été marqué par des émeutes, paralysant l’archipel pendant plus de 48 heures, causant un décès par balle et plusieurs blessés. L’opposition avait dénoncé des fraudes massives.


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