Liban: expulsion d'une cinquantaine de Syriens en avril

18:0124/04/2023, lundi
MAJ: 24/04/2023, lundi
AFP
Crédit photo: Freepik
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Le Liban a expulsé, en l'espace d'environ deux semaines, une cinquantaine de Syriens renvoyés sur leur territoire ravagé par la guerre, au moment où un sentiment antisyrien gagne le pays touché par la crise économique, ont indiqué vendredi trois sources concordantes.

"L'armée a expulsé plus de 50 Syriens du Liban au cours des deux dernières semaines"
, a déclaré à l'AFP un responsable de l'armée, sous couvert d'anonymat, information confirmée par une source sécuritaire et humanitaire.

L'unité de renseignement de l'armée libanaise a ciblé les Syriens sans papiers, ont raconté ces mêmes sources, les arrêtant puis les remettant aux gardes-frontières, qui les ont expulsés ensuite du Liban.


"Les centres de détention de l'armée sont pleins"
et d'autres agences de sécurité ont refusé d'accueillir les réfugiés arrêtés, a justifié le responsable de l'armée, commentant la mesure.

Des centaines de milliers de Syriens ont fui vers le Liban voisin après le début de la guerre civile en 2011 et la répression brutale des manifestations contre le régime.

Selon les autorités, environ deux millions de réfugiés syriens se trouvent sur le territoire libanais. Près de 830.000 d'entre eux sont enregistrés auprès des Nations unies.


Les autorités libanaises n'ont pas coordonné leurs efforts avec Damas, ont précisé des responsables de la sécurité et de l'armée ajoutant que certains des réfugiés expulsés étaient retournés au Liban avec l'aide de passeurs qui leur faisaient payer 100 dollars par personne.


L'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a déclaré vendredi à l'AFP qu'elle
"suivait"
la situation, qu'elle
"continuait à plaider en faveur du respect des principes du droit international et à veiller à ce que les réfugiés au Liban soient protégés contre le refoulement".

Raids


Le Liban a tenté à plusieurs reprises des rapatriements décrits comme volontaires de Syriens vers leur territoire. Des groupes de défense des droits humains les considèrent forcées.


Une source humanitaire a déclaré à l'AFP qu'elle avait remarqué une augmentation des raids des services de renseignement de l'armée visant les communautés syriennes à Beyrouth et dans la région du Mont-Liban depuis le début du mois d'avril.


"En 2023, au moins cinq raids ont eu lieu",
a déclaré cette source, qui a requis l'anonymat. Environ 450 Syriens ont été arrêtés et au moins 66 ont été confirmés comme étant déportés, selon elle.

La Sûreté générale libanaise est chargée de la surveillance des frontières, mais un responsable de l'agence a déclaré qu'elle n'était pas impliquée dans ces expulsions.


Depuis que le régime du président syrien, Bachar al-Assad, a repris le contrôle de la majeure partie de la Syrie, certains pays d'accueil ont cherché à expulser les réfugiés, invoquant une relative accalmie après des années de conflit.

Mais des groupes de défense des droits humains affirment que certains réfugiés ont été persécutés et rejettent l'idée que leur retour est sûr.


L'un des Syriens expulsés était un transfuge de l'armée dont
"la vie est en danger"
, a confié un de ses proches à l'AFP. Il vivait au Liban depuis 2014 après avoir été chassé avec sa femme et ses deux enfants.

Depuis 2019, le Liban est plongé dans une crise économique qui, selon la Banque mondiale, est l'une des pires de l'histoire moderne.


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