Crédit Photo : GEORGES GOBET / AFP Archive
Des soldats de la MINUL (Mission des Nations Unies au Libéria) patrouillent près de l'aire d'atterrissage d'un hélicoptère après avoir terminé sa mission de reconnaissance le 2 décembre 2003 à Tumamburg, une ville située dans le territoire tenu par les forces rebelles du LURD.
Joyce Mamie Wolo a fui le Libéria en pleine guerre civile et retrouve aujourd'hui son pays en paix. Mais après avoir passé plus de 30 ans au Ghana, elle se sent un peu comme une réfugiée dans son propre pays depuis son retour.
Joyce Mamie Wolo fait partie de plus d'un millier de Libériens rapatriés volontairement par le gouvernement ces derniers mois, après avoir vécu ailleurs pendant une grande partie de leur existence.
Partageant avec trois de ses enfants et une autre famille une chambre colorée mais étouffante dans un centre de transit à l'extérieur de Monrovia, Joyce ressasse cette vie qu'il faut à nouveau reconstruire, à l'âge de 50 ans.
"Être ici, ça me déprime, la vie est tellement différente et difficile",
confie-t-elle lorsqu'elle ne s'occupe pas des tâches quotidiennes, comme préparer les repas avec d'autres femmes ou étendre le linge sur les barbelés qui entourent le centre.
Elle a fui les guerres civiles qui ont dévasté le Liberia entre 1989 et 2003. Comme elle, environ 750 000 Libériens, sur une population de moins de trois millions à l'époque, ont été déplacés, soit à l'intérieur du pays, soit en Côte d'Ivoire, en Guinée, en Sierra Leone ou au Ghana, selon l'agence des Nations unies pour les réfugiés.
Joyce Mamie Wolo s'est construite une nouvelle vie au Ghana, dans le camp de Buduburam, qui a accueilli jusqu'à 38 000 Libériens.
Nombre d'entre eux ont été rapatriés ou réinstallés grâce au soutien des agences internationales. L'ONU a supprimé en 2012 leur statut de réfugiés, estimant que la paix était revenue au Liberia. Les autorités traditionnelles propriétaires du camp de Buduburam ont finalement démoli le site en 2024, forçant Joyce et les quelques milliers de résidents restants à partir.
Elle a été prise en charge, avec environ 1 500 compatriotes, par la Commission libérienne de rapatriement et de réinstallation des réfugiés (LRRRC).
Depuis trois mois, elle et ses enfants, nés au Ghana, sont coincés dans ce centre de transit.
Comme d'autres, Joyce a perdu tout contact avec sa famille. Le seul proche qui lui reste est un frère en Côte d'Ivoire, et les perspectives de logement et d'emploi sont sombres.
"Cela fait très longtemps que nous sommes partis, alors revenir et se replonger dans la société, ce n'est pas facile",
dit-elle, inquiète pour ses enfants déscolarisés.
La LRRRC prévoit de rapatrier 2 761 Libériens supplémentaires d'ici la fin de l'année.
Timothy Jackson, qui a fui le Liberia à neuf ans, partage un destin similaire. À 43 ans, il se souvient
"de la façon dont les gens se battaient pour monter sur le bateau".
Il a passé toute sa vie d'adulte au Ghana, travaillant comme chauffeur et mécanicien à Buduburam. Mais avec la démolition de sa maison, il a dû revenir au Liberia, laissant sa femme et ses trois enfants au Ghana, espérant les revoir lorsque la situation s'améliorera.
Lui et son fils dorment dans une cuisine du centre de transit. Il n'a pas trouvé de travail et
"cela (lui) fait très mal à chaque fois"
qu'il en parle, surtout que la nourriture est parfois rare.
La LRRRC a accordé 300 dollars à chaque chef de famille et 225 dollars par personne à charge, mais Joyce et Timothy estiment que cette somme est insuffisante pour couvrir leurs besoins.
Le gouvernement a débloqué 1,3 million de dollars pour le rapatriement et la réinstallation des réfugiés. Des mesures ont également été prises pour scolariser les enfants, selon A. J. Armah Karneh, directeur adjoint de la LRRRC.
Cependant, il admet que le gouvernement ne peut garantir combien de temps il faudra pour que les rapatriés s'intègrent, surtout ceux ayant perdu tout contact familial.
Rachel Barwon, 29 ans, n'avait jamais mis les pieds au Liberia avant son rapatriement.
"À part être nés de parents libériens, nous n'avons aucune identité",
regrette-t-elle. Malgré les conditions difficiles dans le centre, elle garde espoir de s'intégrer et de travailler dans le secteur social.
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