Le Pakistan adopte un budget d'austérité aligné sur les exigences du FMI

17:2428/06/2024, Friday
AFP
Le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif s'exprimant lors de la session budgétaire à l'Assemblée nationale à Islamabad, le 28 juin 2024.
Crédit Photo : Département de l'information de la presse du Pakistan (PID) / AFP
Le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif s'exprimant lors de la session budgétaire à l'Assemblée nationale à Islamabad, le 28 juin 2024.

Islamabad, qui négocie un énième prêt du Fonds monétaire international (FMI) après avoir échappé de peu au défaut de paiement en 2023, a voté vendredi un budget misant sur l'austérité et une forte hausse des impôts.

Au Pakistan, le secteur informel représente plus des trois-quarts des emplois selon les chiffres officiels. Sur plus de 240 millions d'habitants, seules 5,2 millions de personnes sont assujetties à l'impôt sur le revenu.


Pour son budget 2024-2025 de 68 milliards de dollars, Islamabad entend générer 46 milliards de recettes par l'impôt, soit une hausse de près de 40 % par rapport à l'an dernier.


Alors que le FMI demande des coupes drastiques dans les dépenses pour possiblement accorder dans les mois à venir son 24e prêt au Pakistan, de six à huit milliards de dollars selon des responsables, le budget prévoit aussi un allégement des subventions au prix de l'essence.


Ces mesures pourraient entamer la popularité de la coalition gouvernementale de Shehbaz Sharif mais, depuis des mois, le gouvernement pakistanais cherche à obtenir des revenus par une fiscalité tous azimuts. Les autorités bloquent désormais les cartes SIM ou interdisent de voyage les mauvais payeurs.

La presse locale rapporte qu'elles veulent réclamer des impôts à Netflix.
"Il n'y a pas de vaches sacrées, tout le monde doit payer ses impôts"
, a martelé début juin le ministre des Finances Mohammed Aurangzeb. Et M. Sharif a renchéri cette semaine:
"Nous avons dû préparer le budget avec le FMI car les circonstances le réclamaient"
.

Mais pour l'économiste Ali Hasanain, le gouvernement échoue, comme les précédents, à lancer des réformes structurelles pour se borner à répondre aux critères du FMI sur le court terme. De ce fait,
"ceux qui sont déjà imposés vont payer plus tandis que ceux qui échappent l'impôt continuent à s'y soustraire"
, affirme-t-il à l'AFP, disant redouter
"une hausse des départs des travailleurs qualifiés"
dans un des dix premiers pays d'émigration du monde.

L'autre manne pour l'État serait une série de privatisations annoncées de longue date, dont celle de la compagnie aérienne nationale, PIA.

Des années de mauvaise gestion ont poussé l'économie pakistanaise au bord du gouffre, où elle failli basculer avec le Covid, la crise énergétique mondiale et les inondations record qui ont submergé un tiers du pays en 2022.


In extremis, Islamabad avait obtenu du FMI à l'été 2023 un prêt de trois milliards de dollars -- à condition d'abandonner de populaires subventions pour l'énergie et de voter plus d'austérité.

Depuis, la balance des paiements courants s'est légèrement rétablie, l'inflation commence tout juste à baisser, mais la dette extérieure du Pakistan reste très élevée (242 milliards de dollars) et son service engloutira encore la moitié des revenus de l'État en 2024, selon le FMI. Alors qu'environ 40 % de la population vit déjà sous le seuil de pauvreté, la Banque mondiale disait redouter en avril que 10 millions de Pakistanais supplémentaires basculent sous ce seuil.


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