Le Kazakhstan et l'Italie font plonger ArcelorMittal dans le rouge en 2023

16:318/02/2024, jeudi
AFP
Les employés et les parents des mineurs se rassemblent devant le bâtiment de la mine de charbon Kostyenko ArcelorMittal à Karaganda le 28 octobre 2023.
Crédit Photo : STRINGER / AFP
Les employés et les parents des mineurs se rassemblent devant le bâtiment de la mine de charbon Kostyenko ArcelorMittal à Karaganda le 28 octobre 2023.

La catastrophe minière au Kazakhstan, les soucis financiers en Italie, l'année 2023 s'est mal terminée pour le deuxième sidérurgiste mondial ArcelorMittal, qui continue néanmoins à parier sur l'avenir en investissant dans la décarbonation de ses hauts fourneaux pour produire de l'acier sans émettre de CO2.

Le fabricant de l'acier recyclé utilisé pour façonner la flamme olympique des Jeux olympiques de Paris cet été a annoncé jeudi un bénéfice net 2023 divisé par dix, à 919 millions de dollars, plombé par une perte nette de 2,9 milliards de dollars au 4e trimestre.


Le groupe a plongé dans le rouge en raison notamment de provisions exceptionnelles destinées à couvrir les pertes encourues lors de son retrait du Kazakhstan annoncé en fin d'année.


Après une série d'accidents mortels dans ses mines de charbon kazakhes, le groupe a dû céder ses activités au gouvernement du pays en décembre. Dans l'opération, il estime avoir perdu 2,4 milliards de dollars, inscrits dans ses comptes annuels.

L'accident de la mine de Kostenko à Karaganda le 28 octobre, le pire depuis l'indépendance de l'Union soviétique, avait coûté la vie à 46 mineurs, et conduit le président Kassym-Jomart Tokaiëv à qualifier ArcelorMittal de
"pire entreprise de l'histoire du Kazakhstan"
.

ArcelorMittal attend pour septembre les conclusions d'un audit indépendant sur ses procédures de sécurité.


"Je suis persuadé que les recommandations, combinées aux efforts considérables engagés par le groupe, le rendront plus sûr"
, a commenté le patron du groupe Aditya Mittal, cité dans le communiqué.

Italie: les discussions continuent


ArcelorMittal a également inscrit une provision de 1,4 milliard de dollars pour compenser l'assèchement de la trésorerie de sa filiale italienne lourdement endettée et au bord de l'asphyxie financière, Acciaerie d'Italia.


"Les discussions continuent avec le gouvernement italien"
, a simplement indiqué le directeur financier Genuino Christino lors d'un appel téléphonique avec la presse, sans donner plus de détails sur l'avenir possible des hauts fourneaux vétustes et polluants de Tarente dans le sud de la péninsule.

Un bras de fer oppose le sidérurgiste au gouvernement italien pour financer la survie, la modernisation et la décarbonation de ces hauts fourneaux.

ArcelorMittal, qui détient 62% du capital, en a pris le contrôle en 2018. L'État détient 38%.


Le gouvernement italien qui menace de mettre l'aciérie sous tutelle, et donc d'évincer ArcelorMittal, a néanmoins pris soin d'indiquer jeudi que les négociations continuaient.


Les discussions en cours
"pourraient conduire à une solution qui, quelle qu'elle soit, doit garantir la relance de la production, l'emploi et la reconversion écologique de ce site sidérurgique que nous jugeons stratégique"
, a souligné le ministre des entreprises Adolfo Urso.

En France, où les négociations de ce type avec le gouvernement ont eu lieu il y a plus de deux ans, le groupe a obtenu en juillet le feu vert de la Commission européenne pour recevoir une aide publique de 850 millions d'euros pour décarboner son site de Dunkerque.


Et il a signé mi-janvier un contrat de long terme avec EDF pour la fourniture d'électricité décarbonée. Au total, il prévoit d'investir 1,8 milliard d'euros dans des équipements lui permettant de remplacer le charbon par le gaz et l'électricité, puis par l'hydrogène.

Le sidérurgiste a aussi avancé sur ses projets de décarbonation en Espagne, où un accord pour la construction d'une usine nouvelle à Gijon a été signé le 28 novembre. En Argentine, en Inde et au Brésil, le groupe a avancé sur des projets d'énergie renouvelable.


Sur l'année, le chiffre d'affaires total du groupe a fondu de 14,5% à 68,2 milliards de dollars, essentiellement en raison d'un
"recul de 13,5% des cours moyens de l'acier"
l'an passé, les volumes restant
"relativement stables",
a souligné le sidérurgiste.

Le groupe s'est félicité du maintien de la
"bonne santé"
de la rentabilité à la tonne d'acier, et
"des premiers signes avant-coureurs"
d'une reprise de la construction, acheteuse d'acier.

Hors Chine, la consommation d'acier dans le monde en 2024
"devrait progresser de 3% à 4% par rapport à 2023"
, tirée par l'Inde, prévoit ArcelorMittal.

En dépit des provisions et de la perte nette plus importantes que prévu, le titre a bien réagi en Bourse jeudi, notamment parce que l'excédent brut d'exploitation Ebitda, à 1,27 milliard de dollars au 4e trimestre, est plus élevé que prévu, selon les analystes d'Oddo BHF.


Peu avant 13H00, il progressait de 3% à 25,94 euros, dans un marché en hausse de 0,35%.


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