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Le gouvernement britannique choque en s'en prenant aux sans-abris

Vivre dans la rue, un "mode de vie" choisi ? Ces propos de la ministre britannique de l'Intérieur ont provoqué une levée de boucliers dans un contexte de crise du coût de la vie qui pousse un nombre record de Britanniques à avoir recours à l'aide alimentaire.

15:57 - 9/11/2023 Perşembe
MAJ: 16:47 - 9/11/2023 Perşembe
AFP
Crédit photo: JUSTIN TALLIS / AFP
Crédit photo: JUSTIN TALLIS / AFP
Dans un message publié samedi sur X, la très conservatrice Suella Braverman disait vouloir empêcher les sans-abris de planter leurs tentes sur la voie publique.
"Nous ne pouvons pas permettre que nos rues soient envahies par des rangées de tentes occupées par des personnes, souvent étrangères, pour qui vivre dans la rue est un mode de vie choisi".

La ministre britannique de l'Intérieur, Suella Braverman.

Cette déclaration a provoqué la colère des associations, de l'opposition travailliste et même de certains élus conservateurs au moment où le Royaume-Uni, sixième économie mondiale, traverse une dure crise du logement et du coût de la vie alimentée par l'inflation.
Même le Premier ministre Rishi Sunak a pris ses distances avec la ligne dure de sa ministre.

Selon des chiffres publiés en octobre par le gouvernement, 104.510 ménages vivaient dans des logements temporaires en Angleterre entre mars 2022 et mars 2023, soit une augmentation de 10% par rapport à la même période l'année précédente et du jamais vu depuis 1998, date des premières données sur le sujet.


À Londres, 3.272 personnes ont dormi dans les rues de la capitale britannique entre avril et juin 2023 - et près de la moitié d'entre elles pour la première fois.


Crise du logement


L'association d'aide aux sans-abris Crisis a écrit dans une lettre ouverte au gouvernement:


Montrer ces gens du doigt ne fera que les dissuader de demander de l'aide et les plonger dans la pauvreté, les exposant à un plus grand risque d'exploitation.

"Dans le pire des cas, nous assisterons à une augmentation du nombre de décès et d'accidents mortels qui pourraient être évités".

La situation est d'autant plus critique que les loyers ont flambé ces dernières années. La hausse des taux d'intérêt récente a encore aggravé la pénurie de logements: certains propriétaires ont acheté des logements bon marché quand les taux d'intérêt étaient bas, et doivent désormais les revendre pour rembourser leurs prêts.


Le gouvernement s'est engagé à plusieurs reprises à mettre fin aux expulsions sans justification, en forte augmentation, mais tarde à mettre en place une mesure peu populaire auprès des propriétaires.


"Des décennies d'inaction nous amènent aujourd'hui à des loyers exorbitants, des expulsions en hausse et des niveaux records de sans-abris, et les ministres accusent tout le monde sauf eux-mêmes"
, avertit Polly Neate, directrice générale de l'organisation caritative Shelter.

"Pire" hiver


Signe des difficultés des Britanniques, le Trussell Trust, plus grand réseau de banques alimentaires du Royaume-Uni, a annoncé mercredi que le nombre de colis alimentaires distribués avait atteint des niveaux sans précédent: 1,5 million entre avril et septembre 2023, soit une augmentation de 16% par rapport à 2022.

"Nous nous attendons à ce que cet hiver soit le pire que nous ayons jamais connu",
explique à l'AFP Helen Barnard, l'une des responsables de cette association qui gère 1.400 banques alimentaires.

Près de 65% des personnes qui viennent chercher des colis
"sont des parents, avec des enfants, qui ont du mal à payer les factures"
, relève-t-elle. 

Après avoir atteint un pic de 11,1% en octobre 2022 - au plus haut depuis 41 ans - l'inflation est retombée à 6,7% au Royaume-Uni en septembre 2023, ce qui reste le taux le plus élevé de tous les pays du G7.


Au-delà de l'inflation, les organisations caritatives pensent que la réduction des aide sociales ces dix dernières années et la pénurie de logements ont exacerbé la pauvreté alimentaire.

"De nombreuses personnes utilisent l'argent qu'elles devraient consacrer à la nourriture pour payer leur loyer et éviter d'être expulsées"
, souligne Helen Barnard. 
"Il y a dix ans, il n'y avait pratiquement pas de banques alimentaires au Royaume-Uni. Aujourd'hui, une génération d'enfants grandit en croyant qu'il est normal d'avoir une banque alimentaire dans chaque communauté".

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