L'Afrique du Sud accuse Israël de violer la Convention sur le génocide

La rédaction
13:4711/01/2024, jeudi
MAJ: 11/01/2024, jeudi
AFP
Tal Becker, conseiller juridique du ministère des Affaires étrangères d'Israël, à la Cour internationale de justice (CIJ) avant l'audience du procès pour génocide intenté contre Israël par l'Afrique du Sud, à La Haye le 11 janvier 2024.
Crédit Photo : REMKO DE WAAL / AFP
Tal Becker, conseiller juridique du ministère des Affaires étrangères d'Israël, à la Cour internationale de justice (CIJ) avant l'audience du procès pour génocide intenté contre Israël par l'Afrique du Sud, à La Haye le 11 janvier 2024.

L'Afrique du Sud a accusé jeudi Israël d'avoir violé la Convention des Nations unies sur le génocide, affirmant que même l'attaque du Hamas du 7 octobre ne pouvait justifier de telles violations présumées. "Aucune attaque armée sur le territoire d'un Etat, aussi grave soit-elle (...) ne peut justifier une violation de la convention", a affirmé le ministre sud-africain de la Justice, Ronald Lamola, devant la plus haute juridiction de l'ONU.

"La réponse d'Israël à l'attaque du 7 octobre a franchi cette ligne et a donné lieu à des violations de la convention",
a-t-il ajouté, lors d'une audience devant la Cour internationale de Justice (CIJ), qui siège à La Haye.

Pretoria a saisi en urgence la CIJ pour qu'elle enjoigne à Israël de
"suspendre immédiatement ses opérations militaires"
dans la bande de Gaza.

La guerre entre Israël et le Hamas a été déclenchée suite à l'attaque du mouvement palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre 2023. Il est important de rappeler que les exactions israéliennes étaient bien présentes avant l'escalade du 7 octobre. Israël a mis la population palestinienne sous pression, les tuant de différentes manières: embargo économique, restrictions sur les fournitures médicales et produits de première nécessité.


En représailles, Israël a juré d'"
anéantir
" le Hamas au pouvoir à Gaza et lancé une offensive dans ce territoire palestinien qui a fait au moins 23.357 morts, en majorité des femmes, des adolescents et des enfants, a indiqué mercredi le ministère de la Santé du Hamas.

Selon l'Afrique du Sud, Israël rompt ses engagements pris en vertu de la Convention des Nations unies sur le génocide, signée en 1948 à la suite de l'Holocauste.


En tant que cosignataire du traité, Pretoria peut poursuivre Israël devant la CIJ, qui statue sur les différends entre Etats.

Dans sa requête de 84 pages, l'Afrique du Sud reconnaît le
"poids particulier de la responsabilité"
de l'accusation de génocide contre Israël et condamne
"sans équivoque"
l'attaque du Hamas du 7 octobre.

Mais les actions israéliennes à Gaza sont destinées
"à provoquer la destruction d'une partie substantielle du groupe national, racial et ethnique palestinien"
, accuse-t-elle.

"Atroce et absurde"


"Il n'y a rien de plus atroce et absurde que cette affirmation",
a réagi le président israélien Isaac Herzog.

"Nous serons devant la Cour internationale de Justice et nous présenterons fièrement notre cas de légitime défense (...) en vertu du droit international humanitaire"
, a-t-il ajouté.

Selon M. Herzog, l'armée israélienne
"fait tout son possible, dans des circonstances extrêmement compliquées sur le terrain, pour s'assurer qu'il n'y aura pas de conséquences imprévues ni de victimes civiles".

L'Afrique du Sud s'exprime jeudi devant les magistrats, Israël vendredi. S'agissant d'une procédure d'urgence, la CIJ pourrait se prononcer dans quelques semaines.

Ses décisions sont sans appel et juridiquement contraignantes, mais elle n'a aucun pouvoir pour les faire appliquer.


En mars 2022, la CIJ avait ordonné à la Russie de
"suspendre immédiatement"
son invasion de l'Ukraine, une injonction complètement ignorée par Moscou.

"Préjudice irréparable"


Le résolution complète de l'affaire devant la CIJ peut prendre des années.


A ce stade,
"la cour ne déterminera pas si un génocide est en train de se dérouler à Gaza"
, a souligné Cecily Rose, professeure en droit international à l'université de Leyde aux Pays-Bas.

"La cour évaluera seulement s'il existe un risque de préjudice irréparable aux droits garantis par la Convention sur le génocide, en particulier le droit des Palestiniens de Gaza à être protégés contre les actes qui menacent leur existence en tant que groupe"
, a-t-elle souligné auprès de l'AFP.

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