L'activiste Kemi Seba déchu de sa nationalité française

David Bizet
10:4410/07/2024, mercredi
Yeni Şafak
Le militant panafricaniste béninois Kemi Seba.
Crédit Photo : Kemi Seba / X
Le militant panafricaniste béninois Kemi Seba.

L'activiste panafricaniste Kemi Seba a officiellement perdu sa nationalité française, un acte aux allures de punition administrative pour ses critiques acerbes contre la France et ses relations avec l'Afrique.

Le 8 juillet 2024, le Journal officiel a publié un décret retirant la nationalité française à l'activiste franco-béninois Kemi Seba, de son vrai nom Stellio Gilles Robert Capo Chichi, né à Strasbourg de parents béninois naturalisés français.


Crédit Photo : JORF / JORF
Extrait du Journal officiel prononçant la déchéance de nationalité de Kemi Seba

Un activiste qui dérange le Quai d'Orsay


Kemi Seba, leader du groupe Urgences panafricanistes, s'est fait connaître par ses critiques virulentes envers les relations entre la France et l'Afrique, notamment à travers des conférences où il a dénoncé le franc CFA.

Ces prises de position lui ont valu plusieurs expulsions et arrestations en Afrique de l'Ouest, tout en renforçant sa popularité sur les réseaux sociaux. Le député Renaissance Thomas Gassilloud l'a accusé d'être un
"relais de la propagande russe"
et de servir
"une puissance étrangère qui alimente le sentiment anti-français"
.

Des accusations balayées par l'intéressé.


Un acte de défiance


En février, lors d'un forum sur la multipolarité à Moscou, Kemi Seba a confirmé avoir été informé par le ministère français de l’Intérieur de la procédure en cours contre lui. Il a été accusé d'une
"posture résolument anti-française"
, jugée dangereuse pour les intérêts français, ainsi que de diverses actions destinées à attiser un sentiment anti-français en Afrique de l'Ouest et à inciter à la rébellion contre des autorités locales proches de la France.

En réponse à cette notification, Kemi Seba a brûlé publiquement son passeport français, un acte diffusé en ligne en mars.

Conséquences et réactions


Cette déchéance de nationalité marque un point culminant dans le parcours militant de Kemi Seba, et soulève des questions sur la liberté d'expression. Néanmoins, cet acte désinvolte ne semble par perturber l'infatigable militant qui a réagit sur X (anciennement Twitter):


"Plus de nationalité française ? Gloire à Dieu. Libéré je suis de ce fardeau. J’ai quitté la France depuis bientôt 14 ans à cause de sa politique néocoloniale et de sa négrophobie systémique que je combats depuis l’Afrique frontalement; j’ai de plus brûlé le passeport depuis plusieurs mois déjà.

Me retirer la nationalité car je critique votre néocolonialisme est, chères autorités françaises, une reconnaissance (TRÈS PEU STRATÉGIQUE) de votre part, de l’efficacité de mon travail politique contre VOUS AUTRES, les tenants de cette Françafrique.

La décision du conseil d’Etat vient très en retard, mais mieux vaut tard que jamais. Ma lettre de demande d’abandon de nationalité trônait, comme nous l’avions annoncé au conseil d’État, sur le bureau de mon avocat depuis plusieurs mois au cas où ce même conseil désavouerait le ministère de l’intérieur. Tout rentre dans l’ordre désormais. C’est maintenant que tout commence. Courage à vous, car vous venez de nous rajouter des tonnes de litres d’essence dans notre moteur politique."

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