La France défend le caractère "strictement défensif" de ses exportations d'armes à Israël

19:0610/10/2024, jeudi
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Le président français Emmanuel Macron réagit avant de rencontrer son homologue ukrainien au palais de l'Élysée à Paris, le 10 octobre 2024.
Crédit Photo : Ludovic Marin / AFP
Le président français Emmanuel Macron réagit avant de rencontrer son homologue ukrainien au palais de l'Élysée à Paris, le 10 octobre 2024.

La livraison d'armes à Israël n'a pas cessé de défrayer la chronique, en France et ailleurs, notamment suite aux déclarations du président Emmanuel Macron appelant à l'arrêt de ventes d'armes susceptibles d'être utilisées contre Gaza et affirmant que la France ne livrait que des armes à caractère "défensif". Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a précisé, de son côté, que les composantes vendues par la France à Israël étaient destinées à la "réexportation".

La question a été évoquée par Anadolu, à l'occasion du point de presse hebdomadaire du Quai d'Orsay, animé par Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français de l'Europe et des Affaires étrangères. Anadolu a notamment interrogé sur la raison pour laquelle les licences autorisant la livraison de matériel militaire, dont des systèmes de conduite de tir, n'étaient pas suspendues.


Christophe Lemoine a répondu que
"la ligne de la France est connue sur ce sujet-là"
. Il a précisé :
"On ne livre pas d'armes offensives utilisées contre les populations, et tout particulièrement contre les populations à Gaza".

Le porte-parole a ajouté que le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot avait réitéré cette position lors de son déplacement dans la région.


Selon Lemoine,
"les livraisons que nous opérons sont limitées à des composants pour des matériels militaires, ce qui s'explique essentiellement par l'importance de l'industrie de défense israélienne"
.

Il a également souligné que ces composants sont intégrés dans des équipements ensuite réexportés ou utilisés pour des besoins
"strictement défensifs"
, tels que le Dôme de fer, système de défense anti-aérienne d'Israël.

Le correspondant d'Anadolu a ensuite insisté sur l'absence de contrôle direct des entreprises françaises sur l'usage final des composants exportés vers Israël.


Il a demandé si des mécanismes de surveillance, évoqués dans le passé, étaient effectivement en place, citant des entreprises françaises qui affirment ne pas pouvoir vérifier la destination et l'utilisation finales de leur matériel.


Christophe Lemoine a maintenu que
"les processus d'exportation des matériels de défense font l'objet d'une vigilance extrêmement forte et absolument exemplaire de notre part"
.

Il a précisé qu'
"un contrôle extrêmement minutieux est réalisé sur chaque demande d'exportation"
, ajoutant que
"chaque demande d'exportation requiert un examen interministériel extraordinaire et précis, dans lequel le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères est impliqué"
.

Selon lui,
"les procédures actuelles garantissent leur caractère irréprochable"
.

Les questions autour des livraisons d'armes à Israël sont particulièrement sensibles, notamment après la déclaration d'Emmanuel Macron du 5 octobre dernier sur France Inter.


Le Président français avait appelé à cesser les livraisons d'armes utilisées dans le cadre de l'offensive israélienne à Gaza, qui a fait des milliers de victimes palestiniennes, selon les autorités locales. Macron avait affirmé que
"la France ne livre pas d'armes"
utilisées dans ce conflit, en opposition à des pays comme l'Espagne et la Belgique qui ont suspendu leurs exportations.

Cependant, une enquête des journalistes de Disclose, Ariane Lavrilleux et Arno Pedram, a révélé que la France a continué d'autoriser des exportations d'équipements militaires en 2023, notamment des pièces pour missiles et des systèmes de conduite de tir.

Ces révélations remettent en question la transparence de la politique d'exportation d'armes de la France, d'autant plus que certaines entreprises françaises affirment ne pas avoir de moyens de contrôler l'usage final de leurs produits.


Le montant des exportations françaises vers Israël aurait d'ailleurs doublé entre 2022 et 2023, atteignant 30 millions d'euros, selon ces sources.

Les déclarations de Christophe Lemoine interviennent dans un contexte où le gouvernement israélien, dirigé par Benyamin Netanyahu, a vivement critiqué l'appel de Macron à un embargo sur les armes.


Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, Netanyahu a qualifié cette prise de position de
"honteuse"
, affirmant que les pays occidentaux devraient soutenir Israël dans sa lutte contre « les forces de la barbarie » plutôt que d'imposer des embargos.


Pour rappel, les violences israéliennes se poursuivent depuis un an dans la bande de Gaza, suite à une attaque transfrontalière du Hamas.
Plus de 42 000 Palestiniens, essentiellement des enfants et des femmes, ont été tués dans la guerre menée par Israël, et plus de 97 000 autres blessées, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza.

Israël fait également face à des accusations de génocide devant la Cour internationale de Justice pour ses actions dans la bande de Gaza. Par ailleurs, Tel Aviv continue de mener des attaques meurtrières dans le sud du Liban, ainsi que sur la capitale Beyrouth, avec l'objectif affiché de lutter contre le Hezbollah.


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