Les Etats-Unis ont fait bonne figure à l'annonce le 10 mars à Pékin du rapprochement entre l'Iran et l'Arabie saoudite sous les auspices de la Chine. Le secrétaire d'Etat Antony Blinken estime que:
Tout ce qui peut contribuer à réduire les tensions (...) est une bonne chose.
Des responsables américains se sont cependant efforcés de minimiser le rôle joué par la Chine, faisant valoir que Pékin était encore loin de damer le pion aux Américains au Moyen-Orient qui reste largement sous la protection du parapluie sécuritaire américain.
Mais cette percée diplomatique de la Chine interpelle Washington, suspecté de céder peu à peu sa place d'acteur incontournable dans la région pour mieux se concentrer à court terme sur la guerre en Ukraine face à la Russie et, à plus long terme, sur la Chine et l'Asie-Pacifique.
Ce tournant intervient alors que Washington entretient des relations complexes avec l'Arabie saoudite, et qu'elle butte sur plusieurs dossiers allant du nucléaire iranien au conflit israélo-palestinien.
Malgré un contrat mirobolant - 37 milliards de dollars, selon la Maison Blanche - entre Saoudiens et le constructeur Boeing annoncé cette semaine, les relations entre Washington et Ryad restent tendues après l'annonce en octobre par le président Joe Biden d'un réexamen de sa relation avec cet allié historique.
Le rapprochement irano-saoudien risque aussi d'éloigner un peu plus la perspective de normalisation entre Israël et l'Arabie, que Washington défend ardemment depuis les accords d'Abraham en 2020.
Négociés par les Etats-Unis, ils ont permis la normalisation des relations entre Israël et deux de ses voisins, les Émirats arabes unis et Bahreïn.
Le Wall Street Journal et le New York Times ont rapporté que Ryad s'employait en coulisse à obtenir des garanties de sécurité de la part de Washington et une assistance sur son programme nucléaire civil, en échange d'une normalisation avec Israël.
Quant au nucléaire iranien, les négociations sur la résurrection de l'accord de 2015, dont les Etats-Unis s'étaient retirés sous Donald Trump, sont au point mort.
L'escalade dans le conflit israélo-palestinien représente un autre casse-tête.
Malgré des appels répétés à l'apaisement, y compris lors du déplacement du chef de la diplomatie américaine à Jérusalem et Ramallah fin janvier, les violences se sont aggravées.
Les Etats-Unis répètent inlassablement leur soutien à la solution des deux Etats et dénoncent les actions unilatérales d'Israël sur les colonies notamment, mais se gardent d'aller au-delà pour des raisons de politique intérieure.
L'embarras de Washington est aussi palpable face au gouvernement du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le plus à droite dans l'histoire du pays, et sa réforme controversée visant à limiter les prérogatives de la Cour suprême, objet de protestations massives.
Mais la pression monte sur l'administration Biden.
Une centaine d'élus démocrates lui ont récemment écrit pour faire part de leurs "inquiétudes" au sujet de cette réforme et appelant les Etats-Unis à assumer leur rôle de "leadership" dans la région.