Crédit Photo : STR / JIJI PRESS / AFP
Shinji Aoba, qui est soupçonné de l'attaque d'incendie criminel du studio Kyoto Animation, lève les yeux alors qu'il est transporté sur une civière au poste de police de Fushimi à Kyoto le 27 mai 2020.
Un tribunal au Japon a condamné jeudi à la peine de mort l'homme qui avait incendié un studio d'animation en 2019 à Kyoto (Ouest du pays), faisant 36 morts, l'un des crimes les plus sanglants dans l'archipel depuis des décennies.
D'après plusieurs témoignages, Shinji Aoba, aujourd'hui âgé de 45 ans, avait fait irruption dans le bâtiment du studio Kyoto Animation et répandu de l'essence avant d'y mettre le feu en criant:
. Ce drame avait provoqué une immense vague d'émotion et d'indignation au Japon et à l'étranger.
Cet acte était
"vraiment cruel et inhumain"
, a déclaré jeudi le président du tribunal de Kyoto, Keisuke Masuda, selon le verdict que l'AFP a pu consulter.
"Le fait que 36 personnes soient mortes est extrêmement grave et tragique" et les victimes "ont dû endurer la peur et l'angoisse avant de mourir"
, a ajouté M. Masuda. Le studio ravagé par les flammes
"s'est immédiatement transformé en un enfer
", a-t-il poursuivi.
La plupart des victimes étaient de jeunes employés de Kyoto Animation -surnommé
- dont une femme de 21 ans. Plus de 30 autres personnes avaient été blessées dans le sinistre.
"Je ne pensais pas qu'autant de gens allaient mourir et je pense maintenant être allé trop loin"
, avait déclaré l'accusé au premier jour de son procès, en septembre dernier.
"Je pense que je dois payer pour mon crime avec (cette peine)"
, avait-il aussi estimé durant une audience en décembre, lorsqu'il avait été interrogé sur le souhait des familles des victimes de le voir condamné à mort.
Shinji Aoba voulait se venger de KyoAni parce qu'il était persuadé que l'entreprise lui avait volé une idée de scénario, une allégation fermement rejetée par le studio et que les procureurs avaient qualifié de
. Il faisait face à cinq chefs d'accusation, incluant ceux de meurtre, tentative de meurtre et incendie criminel. Le parquet avait requis la peine capitale le mois dernier.
L'incendiaire lui-même avait été gravement brûlé dans le sinistre, survenu le 18 juillet 2019, et ses blessures ont nécessité de multiples opérations chirurgicales. Il a comparu en fauteuil roulant. Ses avocats avaient plaidé non-coupable en arguant qu'il n'avait pas eu
"la capacité de faire la distinction entre le bien et le mal"
en raison de troubles psychiatriques.
Mais les juges ont estimé jeudi que M. Aoba n'était pas atteint de démence et ne souffrait pas non plus d'une diminution de ses capacités mentales au moment du crime. Le Japon fait partie des démocraties continuant à appliquer la peine de mort, comme les États-Unis ou l'Inde.
Les exécutions s'y font par pendaison. L'opinion publique nippone reste majoritairement favorable à la peine capitale, malgré les critiques à l'étranger. La dernière exécution dans le pays, où 107 condamnés se trouvaient dans le couloir de la mort le mois dernier, remonte à 2022.
Cela "ne change rien à notre chagrin"
Dans la salle d'audience où étaient présents de nombreux proches des victimes, une personne a fondu en larme et s'est couvert le visage en écoutant le juge, a rapporté la chaîne de télévision publique NHK. La condamnation de M. Aoba
"ne change rien à notre chagrin"
, a déclaré dans un communiqué le président de KyoAni, Hideaki Hatta. Il ajoute:
La pensée de tous nos employés qui ont péri et de la peine ressentie par les autres victimes de l'attaque et leurs proches me brisent le cœur.
Fondé en 1981, KyoAni a produit des dessins animés souvent inspirés de mangas, dont
,
"La Mélancolie de Haruhi Suzumiya"
,
ou le film d'animation
, encore en production au moment de l'incendie et qui avait fini par sortir en 2020 au Japon.
Ce studio, réputé pour le raffinement de sa production, est resté attaché à son implantation dans l'ancienne capitale impériale du Japon, Kyoto, alors que la plupart des studios d'animation nippons sont basés à Tokyo.
Des dizaines de fans du studio avaient bravé la neige jeudi pour se rassembler devant le tribunal, comme Kentaro Hatanaka, 23 ans.
"J'espère que KyoAni offrira à nouveau au monde des films d'animation pleins de vie, comme avant"
l'incendie, a-t-il déclaré à l'AFP.
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