Au Japon, le maintien de la peine de mort ne fait guère débat

10:1125/01/2024, jeudi
AFP
Une salle d'exécution au centre de détention de Tokyo à Tokyo au Japon.
Crédit Photo : STR / JIJI PRESS / AFP
Une salle d'exécution au centre de détention de Tokyo à Tokyo au Japon.

Le Japon est l'une des démocraties qui continuent à recourir à la peine de mort, comme les États-Unis et l'Inde.

Malgré des critiques émanant souvent de l'étranger, la société nippone y reste majoritairement favorable et son abolition n'est pas en vue. Alors que l'auteur de l'incendie criminel d'un studio d'animation à Kyoto (ouest) qui avait fait 36 morts en 2019 a été condamné jeudi à la peine capitale, voici les principales informations à connaître sur le sujet.

Pendaison


La peine de mort au Japon s'applique par pendaison, la seule méthode d'exécution dans le pays depuis environ 150 ans.

Pieds attachés, mains menottées et yeux bandés, les condamnés sont conduits au-dessus d'une trappe. L'ouverture de la trappe est déclenchée par l'un des boutons fixés au mur d'une pièce adjacente à la salle d'exécution, qui sont activés simultanément par plusieurs gardiens qui ignorent quel bouton active le mécanisme.


En 2022, trois condamnés à mort au Japon ont engagé une action en justice contre l'État dans l'espoir d'obtenir une injonction pour arrêter les exécutions par pendaison, dont ils ont dénoncé la
"cruauté"
.

Deux autres condamnés à mort dans le pays ont aussi porté plainte contre l'État en 2021 pour mettre fin à la pratique visant à avertir les détenus quelques heures seulement avant leur exécution un procédé
"inhumain"
selon leurs avocats. La justice doit se prononcer en avril sur ce dossier, selon la presse japonaise.

Une centaine de condamnés à mort


En décembre dernier, 107 condamnés à mort attendaient leur exécution au Japon, selon les derniers chiffres du ministère nippon de la Justice transmis à l'AFP.


Divers facteurs sont pris en considération par les juges pour prononcer cette peine maximale, comme la violence du crime et son mobile, le nombre de victimes, l'âge de l'agresseur et ses éventuels antécédents judiciaires.

Les tueurs en série et auteurs de tueries de masse sont ainsi généralement condamnés à mort. La dernière exécution en date au Japon, survenue en 2022, était celle du meurtrier de sept personnes tuées aveuglément dans un quartier commerçant très fréquenté de Tokyo en 2008.


En 2018 ont été exécutés Shoko Asahara, le gourou de la secte Aum Shinrikyo, et 12 autres membres de ce culte pour avoir orchestré l'attaque au gaz sarin dans le métro de Tokyo en 1995 (13 morts).


La loi japonaise stipule que la peine de mort doit être exécutée dans un délai de six mois après l'épuisement de tous les recours judiciaires. Mais en réalité, les condamnés attendent souvent leur exécution pendant des années, parfois même des décennies, et dans un régime d'isolement carcéral.


Une société pro-peine capitale


Dans une enquête gouvernementale réalisée en 2019 auprès de quelque 1.500 personnes au Japon, 80% des individus interrogés avaient estimé que la peine de mort était un mal nécessaire, quand 9% seulement souhaitaient la supprimer.

Parmi les partisans de la peine capitale dans ce même sondage, près de 57% estimaient que les familles des victimes ne se sentiraient
"jamais vengées"
si elle était abolie. Le gouvernement nippon a coutume de justifier le maintien de la peine de mort par le large soutien dont elle bénéficie dans l'opinion publique.

Le débat public au Japon sur la peine de mort est peu animé, les militants pour son abolition appelant les autorités à divulguer davantage d'informations sur le sujet pour stimuler la réflexion.


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