Guinée: le procès du massacre de 2009 reprend dans l'ombre d'une opération commando

17:3913/11/2023, Pazartesi
MAJ: 13/11/2023, Pazartesi
AFP
Crédit photo: CELLOU BINANI / AFP
Crédit photo: CELLOU BINANI / AFP

Le procès historique du massacre de septembre 2009 en Guinée a repris lundi à Conakry en l'absence d'un des accusés et sous le contrecoup de l'opération commando qui a fait passagèrement sortir de prison l'ancien dictateur Moussa Dadis Camara neuf jours plus tôt.

Des hommes armés ont extrait de prison le 4 novembre Moussa Dadis Camara et trois autres prisonniers actuellement jugés pour un massacre commis en 2009 sous sa présidence, l'une des pages les plus sombres de l'histoire guinéenne.


Le raid a fait au moins neuf morts selon le parquet général.


Trois des accusés, dont Moussa Dadis Camara, ont été repris le jour même, le 4 novembre. L'un d'eux, le colonel Claude Pivi, est toujours dans la nature.

Le raid a suscité des craintes pour la suite du procès ouvert le 28 septembre 2022 après des années d'attente pour les victimes.


Le procès a repris lundi après trois semaines de suspension pour d'autres raisons.


Me Pépé Antoine Lamah, un des avocats de Moussa Dadis Camara, s'est plaint au nom de ses confrères qu'aucun d'entre eux n'ait été autorisé à entrer en contact avec son client à la prison après le 4 novembre,
"ce qui constitue en soi une violation des droits de la défense"
.

Le conseil du colonel Pivi, Me Fodé Kaba Chérif, a réclamé un report du procès en l'absence de son client. Le procureur Alghassimou Diallo s'y est opposé. L'audience a été suspendue jusqu'à l'après-midi.


Les avocats des accusés sortis de prison le 4 novembre ont généralement assuré que leur client avait été extrait de force et ne s'était pas évadé.

Moussa Dadis Camara et dix autres anciens responsables répondent d'une litanie de meurtres, actes de torture, viols et autres enlèvements commis le 28 septembre 2009 et les jours suivants par les forces de sécurité dans un stade de la banlieue de Conakry, où s'étaient réunis des dizaines de milliers de sympathisants de l'opposition, et aux alentours.


Au moins 156 personnes y ont été tuées et des centaines blessées, et au moins 109 femmes violées, selon le rapport d'une commission d'enquête mandatée par l'ONU.

Après l'opération commando du 4 novembre, la junte au pouvoir a mené une purge dans les services de sécurité et de prison, et démis une soixantaine d'officiers, soldats et agents. Un responsable au ministère de la Justice a indiqué à l'AFP sous le couvert de l'anonymat qu'une soixantaine de personnes avaient été arrêtées.


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