Football: Une saison surchargée met en péril le bien-être des joueurs

15:395/09/2024, jeudi
AFP
Logo de la Fédération internationale des associations de footballeurs professionnels, plus communément appelée FIFPRO, organisation qui représente 65 000 footballeurs professionnels à travers le monde
Crédit Photo : FIFPRO / FIFPRO
Logo de la Fédération internationale des associations de footballeurs professionnels, plus communément appelée FIFPRO, organisation qui représente 65 000 footballeurs professionnels à travers le monde

Un rapport du syndicat FIFPRO alerte sur les cadences infernales imposées aux footballeurs, accentuées cette saison par les nouvelles compétitions internationales.

Assurer le spectacle coûte que coûte: un rapport du syndicat FIFPRO, publié jeudi, dénonce les cadences infernales imposées aux footballeurs, qui pourraient encore augmenter cette saison avec la refonte de la Ligue des champions et l'élargissement de la Coupe du monde des clubs.


Le FIFPRO, fédération internationale de syndicats de footballeurs qui milite depuis plusieurs années pour un relâchement de cette pression, a interrogé 1 500 joueurs pour établir un panorama de leur temps de travail.

Il en ressort notamment que plus d'un footballeur sur deux a déjà joué au-delà de 55 matchs par saison et que près d'un tiers d'entre eux ont participé à six matchs consécutifs de leur équipe. Un joueur type ayant participé à l'Euro du début de l'été, en plus des coupes d'Europe de clubs, n'a en moyenne profité que de 12 % de temps libre au cours de la saison dernière.


Conséquences : fatigue physique et mentale, stress, risque accru de blessure, baisse des performances et de la concentration, spectacle de moins bonne qualité, difficultés à maintenir une vie familiale...


Parmi les plus sollicités, l'ex-attaquant de Manchester City, Julian Alvarez, a été inclus 83 fois dans le groupe de son club en vue d'un match, devant l'autre Mancunien Phil Foden et l'ailier de Liverpool Luis Diaz, retenus 77 fois.

La FIFPRO préfère cette unité de mesure, plus significative du temps passé au travail que le nombre de minutes jouées, mis en avant par le Centre international d'étude du sport (CIES).
Celui-ci a récemment anticipé que les saisons de 2024 à 2028 n'augmenteraient pas la part des footballeurs devant jouer plus de 4 500 minutes par saison : environ 1 %.

Un sujet tabou


"Nous sommes, après tout, humains. Bien sûr, nous nous efforçons d'être des machines sur le terrain, mais nous avons besoin de temps de repos"
, a déclaré le buteur polonais du FC Barcelone Robert Lewandowski, 36 ans.

"Vous imaginez une entreprise où vous n'avez que 42 jours de repos ?"
, s'insurge Darren Burgess, conseiller de la FIFPRO et ancien responsable de la performance à Liverpool et Arsenal.

Le sujet du temps de travail est tabou dans un sport où l'argent coule à flots et éteint les questions de conditions de travail.

"Les footballeurs sont dans une position compliquée puisqu'ils gagnent beaucoup d'argent, donc les gens pourraient se demander pourquoi ils sont malheureux"
, explique David Terrier, membre du conseil d'administration de la FIFPRO et vice-président du syndicat des joueurs français UNFP.

"C'est à nous, syndicats, de protéger les joueurs contre eux-mêmes, parce qu'ils adorent jouer, ce sont des compétiteurs, ils ne veulent pas perdre leur place dans l'équipe"
, renchérit son collègue Maheta Molango, également aux commandes de l'Association des footballeurs professionnels anglais.

"Actifs financiers"


Les protéger contre eux-mêmes, mais aussi et surtout contre les instances et les clubs, qui leur demandent toujours plus. Deux changements majeurs vont intervenir lors de cette saison 2024-2025.


D'abord, les nouvelles coupes d'Europe de clubs de l'UEFA, qui comprennent deux à quatre matchs de plus que lors des saisons précédentes. Ensuite, l'extension à 32 équipes d'une Coupe du monde des clubs organisée par la FIFA, de la mi-juin à la mi-juillet. Sans consultation des joueurs, peste David Terrier.

"Les joueurs peuvent être interchangeables dans leur esprit, avec une valeur marchande de plus en plus tôt, ils sont devenus des actifs financiers, mais il faut respecter les règles, les lois, les conventions"
de droit commun, souligne l'ancien joueur.

En juin, les syndicats de joueurs français, anglais et italiens ont porté l'affaire devant le tribunal de commerce de Bruxelles pour qu'il saisisse la Cour de justice européenne. La FIFPRO a également annoncé son intention d'attaquer devant la Commission européenne la
"décision unilatérale"
de la FIFA de dicter le calendrier international et de créer cette version étendue de la Coupe du monde des clubs, qui se tiendra désormais tous les quatre ans.

Le président de la FIFA, Gianni Infantino, rappelle pour sa part que l'organisation ne sera responsable que d'une très faible part des matchs de clubs, et qu'elle ne fait que remplir son devoir en trouvant de nouvelles sources de revenus pour les fédérations.

Un dernier recours existe pour la FIFPRO, bien connu des travailleurs ordinaires: la grève des terrains, le
"on ne joue plus".

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