Ce matin de juillet, en Palestine occupée, la peur a un visage: celui de Samiha Ismaïl, regard paniqué et mains tremblantes. Elle sort pour offrir le café, une rare occasion où ce n'est pas un colon israélien qui fait irruption dans son village.
À Susya, situé dans les collines arides du sud de ce territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, la situation peut dégénérer rapidement. Les vallons alentours, depuis longtemps accaparés par la colonisation, sont devenus irrespirables depuis le début de la guerre entre Israël et la bande de Gaza.
"Personne Ne Bouge"
Sollicités par l'AFP, ni l'armée, ni la police, ni le ministère de la Défense supervisant les affaires civiles dans les Territoires palestiniens occupés (Cogat) n'ont souhaité répondre.
Depuis que les yeux sont rivés sur Gaza, les violences et l'expansion coloniale, qui prospéraient déjà avant la guerre, explosent en Palestine occupée.
Expansion coloniale et réactions internationales
Fin juin, le gouvernement israélien, composé de ministres d'extrême droite, colons et partisans de l'annexion totale de la Palestine occupée, a approuvé la plus importante saisie de terres dans ce territoire occupé depuis plus de trente ans: 1.270 hectares devenus propriétés de l'État israélien.
Vendredi, la Cour Internationale de Justice (CIJ), la plus haute juridiction de l'ONU, a jugé illicite la poursuite de l'occupation.
Sur le terrain, des avant-postes établis par des colons sans l'aval des autorités israéliennes se multiplient.
De chez lui, le patriarche Mohamed Al-Nawajaa observe leur prolifération. À 78 ans, il se souvient de la "Nakba", l'exode forcé de centaines de milliers de Palestiniens lors de la création d'Israël en 1948.
Trauma permanent
Pour l'heure, l'inquiétude concerne la sécurité de ses 80 petits-enfants. Il a imposé une consigne: seul lui doit ouvrir la porte de son baraquement rudimentaire, et il a grillagé ses fenêtres, comme tous ses voisins. De plus, il raconte:
Ils viennent la nuit, vers trois heures. Ils disent: cette maison est la mienne.
La paranoïa gagne Susya. MSF a installé des tentes, inquiète pour la santé mentale des villageois.