En Chine, la machine de guerre médiatique à plein régime contre Taïwan

17:1923/05/2024, جمعرات
AFP
Un écran extérieur montre un reportage sur les exercices militaires de la Chine autour de Taïwan, à Pékin, le 23 mai 2024.
Crédit Photo : Jade Gao / AFP
Un écran extérieur montre un reportage sur les exercices militaires de la Chine autour de Taïwan, à Pékin, le 23 mai 2024.

Posters au ton martial, vidéos de militaires sur le pied de guerre et menaces: les médias d'Etat en Chine ne font preuve jeudi d'aucune retenue pour justifier la "punition" contre les "indépendantistes" de Taïwan.

La Chine, qui considère Taïwan comme l'une de ses provinces amenée à être réunifiée avec le reste du territoire, a lancé jeudi d'importants exercices militaires autour de Taïwan, qui mobilisent avions et navires autour de l'île.


Ils surviennent trois jours après le discours d'investiture à Taïwan du président Lai Ching-te, dont les propos ont été jugés à Pékin comme une affirmation que l'île était indépendante - une ligne rouge absolue pour la Chine. Ces manœuvres sont menées à grand renfort de communication dans les médias d'Etat.

Dans une vidéo publiée en ligne par la télévision officielle CCTV, accompagnée d'une musique martiale, des marins dévalent les escaliers d'un navire de guerre, avant de se précipiter dans ce qui semble être une salle de commandement.


Sur une base militaire, un pilote prend lui possession d'un avion, dans une posture qui n'est pas sans rappeler l'acteur Tom Cruise dans le film "Top Gun".


"L'indépendance de Taïwan et la paix dans le détroit"
, qui sépare l'île de la Chine continentale, sont
"incompatibles"
, assure l'armée chinoise sur le réseau social WeChat. Ces exercices sont un
"sérieux avertissement"
adressé aux
"forces extérieures"
, martèle-t-elle avec une formulation qui fait référence aux Etats-Unis, premier soutien militaire de Taïwan.

"Fausse route"


Taïwan est autonome depuis 1949, lorsque les nationalistes se sont réfugiés sur l'île après leur défaite face aux forces communistes lors de la guerre civile chinoise sur le continent.
"Toutes les forces séparatistes soutenant l'indépendance de Taïwan finiront dans le sang, la tête brisée"
, a indiqué Wang Wenbin, un porte-parole de la diplomatie chinoise.

Si Washington reconnaît Pékin au détriment de Taipei comme pouvoir légitime depuis 1979, le Congrès américain impose parallèlement de fournir des armes à Taïwan, dans le but affiché de dissuader la Chine de toute velléité d'attaque.


"S'appuyer sur les pays étrangers, c'est faire fausse route"
, jure l'armée chinoise, assurant que pour Taïwan
"la recherche de l'indépendance est vouée à l'échec"
.

Des affiches, façon films de guerre, accompagnent ces slogans. L'une d'elles montre un débarquement chinois à Taïwan, avec navire de guerre, hélicoptère et chars en action. D'autres montrent des lanceurs de missiles pointer l'île, ou encore un avion de chasse furtif à l'affût de tout mouvement d'
"indépendantistes"
. La forme triangulaire de l'appareil est comparée au tranchant d'une épée.

Une marre de sang apparaît sur ces posters au graphisme hollywoodien et à la fibre patriotique.


"Mis en cage"


Le quotidien Global Times, au ton résolument nationaliste, donne pour sa part la parole à un analyste: l'armée chinoise
"a la capacité de mener une attaque tous azimuts sur l'ensemble de l'île"
de Taïwan, estime l'expert.

Des médias décryptent les exercices en cours, destinés notamment selon eux à organiser un
"blocus"
de Taïwan, pour couper l'île des réapprovisionnements. Le nouveau président taïwanais Lai Ching-te a appelé lundi dans son discours d'investiture la Chine à
"cesser ses intimidations politiques et militaires"
.

Il
"s'est montré arrogant"
, s'emporte l'ex-rédacteur en chef du Global Times, le médiatique et controversé Hu Xijin, connu pour ses propos souvent peu diplomatiques. Grâce à la
"puissance"
de l'armée chinoise, le président taïwanais
"a été mis en cage comme un oiseau"
, écrit-il à ses millions d'abonnés sur les réseaux sociaux.

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