Élections en Jordanie sous tension, entre économie en crise et guerre à Gaza

La rédaction
15:4010/09/2024, mardi
AFP
Des délégués électoraux dans un bureau de vote du camp de réfugiés palestiniens d'al-Baqaa, près de la capitale Amman en Jordanie, le 10 septembre 2024.
Crédit Photo : Khalil MAZRAAWI / AFP
Des délégués électoraux dans un bureau de vote du camp de réfugiés palestiniens d'al-Baqaa, près de la capitale Amman en Jordanie, le 10 septembre 2024.

Plus de cinq millions de Jordaniens se rendent aux urnes ce mardi pour élire leurs députés, dans un climat marqué par une économie en difficulté et la guerre dans la bande de Gaza, qui reste au cœur des préoccupations.

Ces élections sont les premières depuis l'adoption d'une nouvelle loi électorale en janvier 2022. Celle-ci a augmenté le nombre de sièges au Parlement de 130 à 138, relevé le quota des femmes et abaissé l'âge minimum pour les candidats.


Les bureaux de vote sont ouverts jusqu'à 19h00 (16h00 GMT) et les résultats sont attendus dans les 48 heures. Les analystes prévoient une forte abstention. Fayez Al-Disi, un étudiant en ingénierie de 21 ans venu voter déplore:


La situation, franchement, va de mal en pis en termes d'opportunités d'emploi, et les salaires sont bas avec de longues heures de travail.

La Jordanie a enregistré une baisse du tourisme depuis le début de la guerre à Gaza, il y a plus de onze mois. Ce secteur représente environ 14 % du Produit intérieur brut (PIB). En outre, la dette publique frôle les 50 milliards de dollars, et le taux de chômage a atteint 21 % au premier trimestre.

Des élections sans bouleversements politiques majeurs


Ces élections ne devraient pas bouleverser l'équilibre politique du royaume. Selon la Constitution jordanienne, le roi conserve le contrôle des dossiers stratégiques. Il nomme le Premier ministre, peut dissoudre le Parlement, déclarer la guerre, conclure la paix ou signer des traités et accords.


Pays voisin d'Israël et de la Palestine occupée, la Jordanie est devenue, en 1994, le deuxième pays arabe après l'Égypte à signer un traité de paix avec Israël.

Près de la moitié de la population jordanienne est d'origine palestinienne, et des manifestations réclamant l'annulation du traité de paix se tiennent régulièrement depuis le début de la guerre.


"Série de crises"


Si la plupart des slogans de campagne abordent les défis quotidiens des Jordaniens, la guerre à Gaza reste au cœur des débats, surtout pour les candidats du Front d'action islamique (FAI), principal parti d'opposition.


Certains électeurs estiment qu'aucune amélioration économique ne sera possible tant que le conflit à Gaza se poursuivra.


"Nous doutons qu'il y ait un changement significatif",
déclare Issa Ahmed, retraité de 65 ans sur un marché à Amman.

Notre pays est malheureusement entouré d'une série de crises et de guerres sans fin.

Mohammed Jaber, propriétaire d'un magasin à Amman, partage ces inquiétudes.


Les gens sont préoccupés par la guerre à Gaza et la situation économique. Ils ne savent pas ce que les partis pourront accomplir.

Plus de 5,1 millions de personnes sont inscrites sur les listes électorales pour une population de 11,5 millions d'habitants, selon la commission électorale.

Le Parlement jordanien est bicaméral. En plus des 138 députés élus, il compte 69 sénateurs nommés par le roi. L'assemblée peut retirer sa confiance au gouvernement, approuver et promulguer des lois.


Les candidats aux élections représentent un large éventail politique: tribus influentes, centristes, partisans du gouvernement, ainsi que des membres de la gauche et du FAI.

Pour Oraib Rantawi, analyste et directeur du Centre d'études politiques d'Al-Qods à Amman, une partie de la société jordanienne
"considère que la situation à Gaza est plus importante que les élections, ce qui pourrait pousser certains à s'abstenir."

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