L'Europe toute entière aura dimanche prochain les yeux tournés vers l'Espagne, où une victoire de la droite lors des élections législatives, dont elle est donnée favorite par les sondages, renforcerait encore la domination des partis conservateurs dans l’UE.
Convoqué par le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez au lendemain de la débâcle de la gauche aux élections locales du 28 mai, ce scrutin anticipé pourrait aussi ramener l'extrême droite au pouvoir à Madrid pour la première fois depuis la mort du dictateur Francisco Franco, il y a près d'un demi-siècle.
Epouvantail
Dans les jours qui ont suivi le 28 mai, un triomphe du Parti populaire (PP) d'Alberto Núñez Feijóo au scrutin du 23 juillet semblait une certitude.
La seule question était alors de savoir s'il aurait besoin de s'allier à Vox, un parti d'extrême droite ultra-nationaliste et europhobe né en 2013 d'une scission du PP, pour atteindre à l'assemblée le chiffre magique de 176 députés qui constitue la majorité absolue.
M. Sánchez a donc choisi de faire de l'extrême droite l'épouvantail de la campagne, affirmant que voter pour le PP reviendrait à faire entrer Vox au gouvernement et provoquerait un retour en arrière pour le pays.
Le Premier ministre parle sans relâche de son bilan économique, qui, à l'échelle européenne, est plutôt bon, puisque la croissance a atteint 5,5% l'an dernier et que l'Espagne est devenue en juin la première grande économie de l'UE où l'inflation est tombée sous la barre des 2% (1,9%). Mais la perception qu'ont les Espagnols de leur situation économique reste très négative.
"Abolir le sanchisme"
M. Sánchez a aussi tenté de prendre l'initiative sur le plan de la communication, en multipliant les interviews dans des programmes grand public afin de tenter d’améliorer son image, très mauvaise en dehors de la gauche.
Il paie aussi certaines réformes portées par Podemos ayant eu un impact dévastateur dans l'opinion, comme une loi destinée à renforcer l'arsenal législatif contre les violences sexuelles mais qui a eu pour effet pervers d'entraîner des réductions de peines et des libérations anticipées de condamnés.
Podemos, en chute libre lors des élections locales de la fin mai, s’est fondu depuis dans une nouvelle coalition de gauche radicale, Sumar, dirigée par la ministre du Travail, la communiste Yolanda Díaz, avec qui les socialistes ont de bien meilleures relations et souhaiteraient former une nouvelle coalition de gouvernement, hypothèse toutefois peu probable au vu des sondages.
Outre le nombre important des indécis, un autre facteur pourrait influer sur le résultat: la date du scrutin, pour la première fois en plein été, avec plusieurs millions d'Espagnols en vacances qui devront voter par correspondance.