Marc Ostfield, ambassadeur américain à Asuncion au Paraguay, depuis mars 2022.
En une rare brouille entre deux proches alliés, le Paraguay a formellement demandé jeudi aux États-Unis "d'accélérer le départ" de leur ambassadeur à Asuncion, après des sanctions plus sévères contre une entreprise liée à l'ex-président, considéré par Washington comme "corrompu".
Mardi, le Trésor américain avait annoncé des sanctions plus dures contre les intérêts et avoirs de Tabacalera SA, une firme liée à l'ex-président du Paraguay (2013-2018) Horacio Cartes, magnat de l'industrie du tabac. Washington l'a déjà sanctionné par le passé, le désignant comme
"significativement corrompu"
, lui interdisant en 2022 l'entrée et les transactions aux États-Unis, ainsi qu'à sa famille.
M. Cartes, 68 ans, reste à ce jour président de l'hégémonique parti conservateur Colorado, au pouvoir depuis 76 ans à Asuncion (hormis une parenthèse à gauche en 2008-2012). Il est aussi le parrain et mentor de Santiago Peña, 45 ans, élu l'an dernier chef de l'État.
"Nous prenons à contrecoeur la médiatisation et la politisation des sanctions administratives"
contre Tabacalera, a indiqué jeudi un communiqué du ministère paraguayen des Affaires étrangères.
C'est pourquoi nous demandons au gouvernement américain d'accélérer le processus de départ de l'ambassadeur (Marc Ostfield) et d'éviter ainsi que la perte de confiance en une personne ne porte atteinte aux relations que nous entretenons historiquement.
Marc Ostfield, ambassadeur à Asuncion depuis mars 2022 et qui approche de la fin de sa mission, a été particulièrement en pointe et ferme en matière de lutte contre la corruption, un mal endémique au Paraguay par ailleurs économiquement stable.
Le pays de 7,5 millions d'habitants, enclavé entre Bolivie, Argentine et Brésil et aux frontières poreuses propices aux trafics, est classé 136e (sur 180) sur l'indice de perception de la corruption de Transparency International.
Jeudi, Marc Ostfield avait été convoqué au ministère paraguayen des Affaires étrangères, où il avait défendu les sanctions contre Tabacalera, au titre de
"personne ou entreprise qui aide matériellement, sponsorise ou apporte un soutien financier, matériel ou technologique à une personne sanctionnée comme Horacio Cartes"
.
Après l'annonce des nouvelles sanctions mardi, la direction de Tabacalera s'était défendue, affirmant qu'Horacio Cartes s'en était détaché et ne détenait plus de parts. Elle avait dénoncé une sanction
"aux visées commerciales".
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