Colombie: d'ex-paramilitaires veulent "reprendre le processus de paix" avec l'Etat

18:578/05/2023, lundi
MAJ: 9/05/2023, mardi
AFP
Crédit photo: YAMIL LAGE / AFP
Crédit photo: YAMIL LAGE / AFP

Des ex-paramilitaires d'extrême droite, qui avaient déposé les armes il y a vingt ans en Colombie, ont appelé le gouvernement de gauche à "reprendre" ce processus de paix, invoquant des nécessaires corrections à cet accord pour une meilleure réinsertion.

Rassemblés durant le week-end dans un de leurs anciens bastions du centre du pays, les ex-combattants des Autodéfenses unies de Colombie (AUC) ont exprimé leur volonté de participer à la politique de
"paix totale"
que le président Gustavo Petro ambitionne pour le pays afin de mettre fin à un demi-siècle de conflit interne.

Vêtus de blanc, clamant leur volonté de
"réconciliation"
pour leur
"première rencontre nationale pour la paix"
, ils appellent à la reprise
"des négociations de paix inachevées en raison du manque d'engagement des gouvernements précédents"
, selon Edward Cobos Téllez, alias "Diego Vecino".

Ces milices d'extrême droite ont semé la terreur dans les années 1990 dans leur guerre sans merci contre les guérillas d'extrême gauche, avec le soutien de certains membres des forces de sécurité.

Sous le gouvernement de droite d'Alvaro Uribe (2002-2010), plus de 30.000 de ces paramilitaires ont été démobilisés dans le cadre d'un système judiciaire spécial qui prévoyait un maximum de huit ans de prison en échange de leur désarmement et de l'aveu de leurs crimes.


Plusieurs de leurs chefs ont été extradés vers les Etats-Unis où ils ont été emprisonnés. D'autres se sont notoirement reconvertis dans le narcotrafic.


Mais les ex-AUC affirment que certains ex-combattants sont toujours en prison ou ont été laissés dans un flou judiciaire qui les empêche de trouver un emploi, de voter ou d'ouvrir un compte en banque, selon leurs témoignages recueillis par l'AFP à Puerto Boyaca, un ancien bastion paramilitaire sur les rives du fleuve Magdalena.


"Nous voulons réitérer notre volonté de paix, exprimer notre repentir, dire publiquement pardon aux victimes, réitérer notre engagement"
, a déclaré à l'AFP l'ancien chef paramilitaire Rodrigo Perez, connu sous le nom de "Julian Bolivar".

Le Haut commissaire pour la paix, Danilo Rueda, était présent pour le gouvernement, de même de quelques ex-guérilleros des FARC qui ont déposé les armes en 2016, autrefois les pires ennemis des paramilitaires.


La réincorporation des ex-paramilitaires
"est un engagement du gouvernement"
qui
"n'a jamais été démenti"
, a commenté M. Rueda, reconnaissant que certaines questions
"n'avaient pas été abordées de manière responsable"
.

Elu à l'été 2022, le président Petro a entamé un dialogue avec la plupart des groupes armés opérant dans le pays pour essayer d'obtenir leur désarmement. Des négociations sont en cours avec l'ELN guévariste, d'autres vont bientôt débuter avec la dissidence des FARC. Le gouvernement tente également d'obtenir la reddition de groupes de narcotrafiquants en échange d'avantages juridiques.


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